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C’est une histoire hélas banale : le harcèlement sexuel subi par la nouvelle recrue d’un patron d’une agence immobilière. Une histoire banale pour un film qui ne l’est pas. D’abord parce que sa réalisatrice décrit au scalpel le jeu initié par ce prédateur soufflant le chaud et le froid pour brouiller les pistes, et l’incapacité de sa victime à réagir, à la fois parce qu’elle se sent coupable et qu’elle a besoin de ce travail pour maintenir sa famille à flot. Ensuite, et surtout, parce qu’elle ne se borne pas à rester dans les clous d’un simple film-manifeste en se désintéressant de toute question formelle. Son parti pris d’éliminer tout champ-contrechamp au profit de plans séquences crée une tension étouffante où fond et forme se rejoignent pour mieux dépeindre ces zones grises dans lesquelles les harceleurs poussent leurs victimes à évoluer pour mieux les y voir se noyer.