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La fiction est au coeur de ce film qui traite de la nécessité de raconter des histoires.Oui, et de la manière dont les hommes se rassemblent autour de récits pour construire des communautés. Ces récits sont nécessaires pour nous permettre de cohabiter avec ce qui nous dépasse. Ce sont des croyances.Que vous a apporté le documentaire ?C'est quelque chose qui est très présent dans mon travail sous des formes différentes. Par exemple, j'ai fait un documentaire sur un couple de collectionneurs à Moscou, entouré de tableaux de Leonard de Vinci, Michel Ange...  Apparemment, c'est un film sur l'art, mais en fait ce sont des mythomanes, le mot est réducteur, mais ils vivent dans une fiction avec ce que ça a de magique. Ni la terre ni le ciel pose la question de la croyance d'une autre manière. C'est un film sur des gens qui mentent : on documente un mensonge. Habituellement, le documentaire repose sur le mythe du cinéma vérité qui cherche à s'approcher le plus possible du réel. Moi, ce qui m'intéresse, c'est de m'approcher des croyances. Mais avant d'aborder la question de l'invisible, qu'on peut décider ou non de nommer Dieu, il y a ce qui préoccupe les soldats, c'est-à-dire peuvent-ils croire ce qu'ils ont vu ou non, sachant que les images peuvent être détournées, et tout est sujet à douter. C'est la croyance au sens large qui m'intéresse, avec les enjeux spirituels que ça suppose.Vous allez à contre-courant  de la notion de cinéma vérité.La vérité, je ne sais pas ce que c'est. Ca concerne peut-être un commissaire de police, un juge d'instruction, ou un journaliste. En tant qu'artiste, ça n'entre pas dans mon champ de préoccupation. La réalité, je sais ce que c'est, ça s'enregistre. Mais la vérité, pour moi, relève de la croyance.Interview Gérard DelormeNi le ciel ni la terre de Clément Cogitore avec Jérémie Rénier, Swann Arlaud, Kevin Azaïs était présenté à la Semaine de la critique à Cannes.