Adama : animation, poésie et devoir de mémoire
Ocean Films

Le film d'animation de Simon Rouby sera diffusé pour la première fois en clair sur France 4, ce soir.

En 2006, Indigènes, portrait de quatre engagés nord-africains décidés à libérer la France occupée, avait provoqué une vive émotion dans l’hexagone et conduit le gouvernement Villepin, sous la pression de Jacques Chirac, à revaloriser les pensions des anciens combattants coloniaux qui avaient servi notre pays durant les conflits mondiaux. Le film de Rachid Bouchareb avait ceci d’exceptionnel qu’il était pratiquement le seul à évoquer le sort de ces frères d’armes auxquels la République n’avait jamais vraiment rendu hommage.

Adama-Le Monde des Souffles - récit d’apprentissage sur un jeune Africain qui échoue dans les tranchées - est pour sa part le premier long métrage à explorer l’engagement des tirailleurs sénégalais (appellation générique désignant les soldats de couleur noire) au cours de la Grande Guerre. Certes, il y avait bien eu l’atypique La Victoire en chantant (1976) de Jean-Jacques Annaud, farce antimilitariste évoquant le paternalisme raciste des colons blancs ; ou La Dette (2000) de Fabrice Cazeneuve, un téléfilm écrit par Erik Orsenna qui rappelait le devoir de mémoire nécessaire envers les tirailleurs sénégalais. Mais aucun n’avait l’ampleur et l’ambition d’Adama.

Incroyablement expressif et poétique, ce film d’animation mélangeant sculpture, peinture, dessin et 3D met notamment en valeur une chose importante aux yeux des auteurs : cette période dramatique fut un gigantesque creuset qui éveilla les consciences des tirailleurs sénégalais confrontés pour la première fois au monde occidental. Pour Simon Rouby (réalisateur) et Julien Lilti (scénariste), la Grande Guerre signe en définitive "l’acte de naissance, bâclé certes, mais authentique de notre monde actuel."

Bande-annonce de ce film d'animation à ne pas manquer, ce soir sur France 4 :