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Avec ce remake plus ou moins avoué mais raté de son Nikita, Luc Besson essaie d’en mettre plein la vue à l’aide d’une mise en scène bien trop mécanique. Dur, dur!

Alors qu'on vient d'apprendre que Luc Besson préparait son prochain film, DogMan, avec Caleb Landry Jones (Nitram), TF1 diffuse ce dimanche son dernier, Anna, sorti au cinéma à l'été 2019. La rédaction de Première avait été plutôt déçue par le résulta...

Nikita, Jeanne d’Arc, Angel-A, Lucy… et aujourd’hui Anna. Luc Besson n’a pas attendu les sirènes #metoo pour mettre plein cadre des super-héroïnes. Si le mogul français est soupçonné d’avoir eu des « comportements inappropriés » avec des collaboratrices, la présomption d’innocence prévaut sans empêcher de voir ici une façon de réaffirmer sa fascination-obsession pour les combattantes. Et donc son respect pour un sexe qui n’a rien de faible puisqu’il met lui-aussi des bourre-pif ! Car plus que des combattantes, les héroïnes des films de Besson sont surtout des poupées ultra-stylisées qui envoient toutes sortes de garçons au tapis sans forcément revendiquer le droit d’être autre chose que des action-girl « qui en ont ». Pas sûr donc que la sculpturale Anna qui use à l’envi de ses charmes pour tromper son monde fasse avancer la cause. Ni reculer d’ailleurs. Passons.

Luc Besson évoque ses grandes héroïnes : Lucy, Leeloo, Nikita, Mathilda...

Un remake de Nikita

Et le cinéma dans tout ça ? Il est bien là avec ses gros sabots. Après l’épopée spatiale Valérian et la Cité des mille planètes et son relatif échec commercial, Luc Besson, revient sur terre avec ce remake à peine déguisé de son Nikita (1990). Soit l’histoire d’une jeune et jolie russe de 24 ans (campée par le mannequin Sasha Luss) qui, à l’orée des années 90, va se retrouver coincée entre les services secrets russes et américains. A moins que ce ne soit l’inverse et que le KGB et la CIA se fassent embobiner par cette super-héroïne. Anna, en mission entre Moscou, Paris et Milan, va tout faire pour sauver sa peau, son cœur d’artichaut et pourquoi pas, regagner une liberté chimérique.

Trop mécanique

En revenant aux fondamentaux de son cinéma, Luc Besson entend remettre à flot son propre navire amiral, EuropaCorp, qui prend l’eau de toutes parts. Pourquoi pas, encore faut-il que le cinéaste qui aura en tant que producteur inondé le marché mondial de films d’action survoltés et sponsorisés (la saga Taken notamment) n’ait pas trop perdu la main. Or la structure faussement complexe de ce film d’espionnage qui multiplie systématiquement les allers-retours temporels pour suggérer un monde en trompe-l’œil, est bien trop mécanique pour faire illusion et masque difficilement les carences d’un scénario balourd. Pourquoi, par exemple situer son intrigue dans les années 90 sur les cendres encore brûlantes d’une Guerre Froide devenue un cliché cinéphile ? La paranoïa du monde d’hier n’a rien à envier à celle d’un présent qui réclame qu’on s’y plonge corps et âme. Besson fait comme si le cinéma d’action n’avait pas évolué en près de 30 ans et son Nikita. Pire, il essuie ses pieds sur un contexte politique dont il n’extrait que des motifs caricaturaux : les russes malins et rigides (pauvre Helen Mirren), les occidentaux malins itou, mais plus cool (Cillian Murphy en service minimum).

Esthétique ringarde

Le cinéaste force à chaque fois le trait comme s’il avait peur de ne pas se faire comprendre. Toutes les péripéties s’accumulent sans véritable logique sinon celle d’en mettre plein la vue au spectateur. En vain. Quant aux personnages, pantins trop articulés, le film n’essaie même pas de les faire exister. Et ce Anna prend vite l’allure d’un très long clip-vidéo à l’esthétique ringarde n’ayant rien d’autre à offrir que la peau de sa super-héroïne, campée pourtant avec une belle énergie par Sasha Luss.


Valérian/Le Cinquième élément : Laureline dans l’ombre de Leeloo