En compétition pour la Palme d’or 2019, cette micro-fable laborantine et florale ne va pas bien loin.
A la base de Little Joe, il y a une idée de cinéma rigolote : une fleur conçue en laboratoire pour rendre les gens heureux va peu à contaminer son entourage, mais cette contamination, si inquiétante sur le papier (hé, on a tous vu à peu près 172 films sur le même sujet) ne va pas du tout provoquer les effets horrifiques attendus. C’est l’héroïne elle-même, Alice (Emily Beecham), scientifique responsable de la création de la plante, qui l’avoue en essayant d’alerter son supérieur du danger : "elle change les gens sans les changer, on ne remarque rien". Pas de possession gore, pas de pulsions sexuelles ou de nouvelles manies cheloues. Si peur il y a, elle est donc dans l’oeil du parano et non dans celui de l’autre, un peu comme dans L’Invasion des Profanateurs de sépulture.
Une belle idée, intrigante au départ et bien tenue... Mais voilà, une fois ce postulat établi comme un non-événement, que se passe-t-il ? Trois fois rien. Coincé dans un joli petit univers -les murs pastel d’un laboratoire inhumain- Little Joe ne raconte pas grand-chose d’autre. Froidement clinique, mais sans disséquer pour de bon les rapports humains qu’il se plaît tant à théoriser (Alice chez le psy se demande si elle est une bonne mère parce qu’elle préfère son job à son ado), filmé à l’aide de longs panoramiques avant mettant vite hors champ ses personnages, rythmé par une musique mêlant bois japonais et aboiements de chiens, Little Joe ne parvient jamais à grandir au-delà de son statut de petite expérience d’auteur un brin vaine.
Réalisé par Jessica Hausner, Little Joe est en compétition officielle au 72ème Festival de Cannes et n’a pas encore de date de sortie française.
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