Eleanor the Great
Sony Pictures

La star américaine signe un premier film modeste, porté par l’actrice June Squibb, entre ironie new-yorkaise et mélancolie tendre.

On ne l’attendait pas forcément là. Première réalisation de Scarlett Johansson, Eleanor the Great a la modestie d’un film qui ne la ramène pas - mais aussi, parfois, la fadeur d’un téléfilm un peu trop sage. On y suit Eleanor, nonagénaire au verbe piquant (June Squibb, impériale), qui à la mort de sa meilleure amie rejoint sa famille newyorkaise. Là, sa petite comédie quotidienne prend une nouvelle tournure : elle s’approprie un jour des fragments de l’histoire de son amie décédée, une ancienne rescapée des camps.

Cette imposture va la mettre sur la route de Nina, étudiante cabossée qui devient progressivement à la fois sa ligne de vie et son miroir moral. Douceur de ton, sujet sensible, le film exhale un petit parfum allénien, avec son mélange de sarcasme sec, d’humour à froid et de mélancolie voilée. Chaque fois que la caméra s’attache à Eleanor, Johansson trouve le tempo et Squibb électrise l’écran : on rit et on marche avec elle, même si la gorge se serre parfois. Mais dès que le récit se concentre sur l’amitié réparatrice entre Nina et Eleanor, la mise en scène s’assagit, les péripéties se déroulent de façon mécanique, et la vibration s’étiole.

Reste un premier film respectueux, pensé avec justesse et à hauteur d’humains, jamais condescendant, et porté par un casting attachant. Johansson conduit son dilemme avec tact. Et si le final (sentimental pour ne pas dire lacrymal) déçoit un peu, la chronique garde suffisamment de délicatesse pour émouvoir.

De Scarlett Johansson. Avec June Squibb, Chiwetel Ejiofor, Erin Kellyman... Durée : 1h38. Sortie le 17 novembre 2025