En Mai sur Mubi, un skateboard, un conte et une légende

Parmi la liste des films programmés sur la plateforme Mubi ce mois-ci, nous avons sélectionné trois films incontournables d’horizons différents.

Le cinéma d’auteur est souvent peu représenté, et enfoui sous les films populaires, sur les grandes plateformes de streaming. Sur MUBI, c’est tout le contraire. Le service de vidéo à la demande regorge de chefs-d’œuvre, des années 1950 à nous jours (de Jean-Luc Godard à Ingmar Bergman, en passant par Michael Mann et Andreï Tarkovski). Et il est alimenté sans cesse : chaque jour un nouveau film arrive, et un autre disparait. 

MUBI s'est associé avec Première pour vous proposer de découvrir gratuitement son catalogue pendant 30 jours. Pour terminer de vous convaincre, voici une sélection trois chef-d’œuvre arrivés en mars sur la plateforme. 

Paranoïd Park de Gus van Sant (2007)

Après trois films, inspirés plus ou moins directement de faits réels : Une errance éperdue dans le désert (Gerry), la tuerie de Columbine (Elephant) et les derniers jours de Kurt Cobain (Last Days), Gus Van Sant signe la fin d’un cycle avec ce Paranoïd Park, tiré d’un roman de Blake Nelson. Pour autant, le cinéaste américain, poursuit un travail formel à l’esthétique très affirmée (format carré, montage éthérée...)  et ausculte la psyché d’une jeunesse américaine inquiète. Paranoïd Park raconte le destin d’Alex, un jeune skater de Portland (Gabe Nevins), involontairement responsable de la mort d’un agent de sécurité. Alex pétrifié et horrifié, décide toutefois de se murer dans un silence de plus en difficile à tenir. La tension du film tient dans la façon dont Gus van Sant parvient avec grâce et sensualité à tutoyer les tréfonds de l’âme humaine. Paranoïd Park a obtenu le Prix du 60e anniversaire du Festival de Cannes.

Conte d’été d’Eric Rohmer (1996)

Les films de bord de mer sont peut-être les plus beaux. Ils sentent forcément les vacances et avec elles, une insouciance que les cinéastes se feront une joie de tromper. Avec ce Conte d'été, Eric Rohmer, remet sa Pauline à la plage. Elle s’appelle désormais Margot mais c’est toujours Amanda Langlet qui l’incarne. Au centre, il y a Gaspard (Melvil Poupaud), un jeune qui débarque à Dinard avec sa guitare, ses cheveux bouclés et son charme ravageur. Autour de lui, se met en place un aréopage : Margot, Solène, Léna... Pourquoi choisir ? Ou plutôt, comment faire pour que tout ce petit monde cohabite? Eric Rohmer joue les Marivaux avec une fraîcheur désarmante. Les dialogues redistribuent sans cesse les certitudes des uns et des autres, jusqu’au vertige. Tout ça paraît léger, presque anodin, et pourtant c’est la vie dans toute sa complexité qui fait des châteaux de sable en attendant cette fin d’été qui détruira tout. 

Hôtel des Amériques d’André Téchiné (1981)

Il y a 40 ans, Patrick Dewaere se donnait la mort, ajoutant un peu plus de noirceur à sa légende. Dans cet Hôtel des Amériques, l’acteur animal, éternel écorché vif, se retrouvait face à une Catherine Deneuve, dont la froideur affichée cachait en réalité les feux d’une passion brûlante. Ce couple à priori désaccordé matérialise devant la caméra d’André Téchiné, une fusion digne du cinéma de François Truffaut. Un soir à Biarritz, un homme manque de se faire renverser par une jeune femme en voiture. Lui et elle. Elle et lui. Et bientôt le spectre d’une ancienne romance qui vient perturber la présente idylle. Deneuve tournait pour la première fois avec le réalisateur dont elle allait bientôt devenir la muse. Quant à Patrick Dewaere dont les jours étaient malheureusement déjà comptés, il trouvait l’un de ses plus beaux rôles. Lorsqu’au réveil, il dit à Catherine Deneuve : « Je ne me sens chez moi nulle-part... », la phrase prend une troublante résonance avec le cours même de la vie et donc de la mort à venir.