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Révélée par la série SKAM et injustement absente de la liste des Révélations des César 2023, elle crève l’écran dans le très autobiographique Stella est amoureuse de Sylvie Verheyde. Rencontre.

Comment naît l’idée chez vous de devenir comédienne ?

Flavie Delangle : C’est arrivé vraiment par hasard grâce à un casting sauvage. J’étais dans la rue quand une directrice de casting m’a arrêté et proposé de passer des essais pour Marlon, le court métrage de Jessica Palud. J’ai alors 13 ans et ce sera ma première expérience sur grand écran. J’ai adoré ce tournage mais je n’ai pas cherché à enchaîner. Mais comme le court a pas mal fonctionné, on m’a recontactée. J’ai donc repassé beaucoup de castings où j’ai essuyé là beaucoup de refus jusqu’à décrocher le rôle de Lola Lecomte dans la sixième saison de Skam. Ce type de série que j’aurais aimé avoir un peu plus jeune tant elle brasse un nombre incroyable de problématiques (le coming out, le harcèlement scolaire, le handicap, l’addiction aux drogues dures, le viol, le déni de grossesse, le SIDA, la précarité…) en trouvant pour chacune le ton juste pour en parler et en portant sur elles un regard à hauteur d’adolescent. Et même si j’ai donc eu peu d’expérience jusqu’ici, c’est un métier que j’adore, que je vis presque comme une thérapie tant les rôles que j’ai pu jouer m’ont permis de libérer des choses en moi, de me décharger d’un trop plein d’émotions.

 


Vous aviez pris des cours dans la foulée du court métrage ?

J’ai tenté mais j’ai fini par partir deux mois avant le spectacle final. Je ne m’y sentais pas à sa place. J’adore aller voir des pièces de théâtre mais quand je joue je me sens, en tout cas pour le moment, beaucoup plus à l’aise sur un plateau de cinéma que sur une scène de théâtre. La greffe n’a pas pris. Il faut dire que je n’arrive pas à tenir en place et que ma scolarité « classique » avait déjà été très compliquée. Et pour travailler en parallèle des tournages, plutôt que des cours dans une école, je vois régulièrement une coach qui permet notamment de préparer des auditions.

C’est aussi par casting que vous avez été choisie pour incarner Stella dans la suite de ses aventures qui plonge ce personnage, inspiré par la vie de sa réalisatrice Sylvie Verheyde, plongée au cœurs des années 80, le temps pour elle de l’adolescence et de ses premiers élans amoureux ?

Oui, on m’a demandé de regarder le premier Stella et une fois face à Sylvie (Verheyde), on devait jouer la première scène du film où elle prend une gifle. Et moi… je me suis trompée de page ! Tout ce que je disais n’avait dès lors aucun sens. J’ai eu le sentiment de passer totalement à côté du casting… mais c’est ce qui a dû plaire à Sylvie car, dans la foulée, on a passé plus de temps à échanger qu’à travailler. C’était seulement le deuxième jour des auditions mais elle m’a rappelée très vite pour me dire qu’elle l’arrêtait et me confiait le rôle.

Comment avez- vous construit cette Stella ? Sylvie Verheyde vous a-t-elle confié des choses à voir et à entendre sur les années 80, la période où se déroule le récit ?

Oui, elle nous a donné pas mal de musiques de l’époque à écouter. Mais j’ai la chance d’avoir un papa très calé dans ce domaine- là et depuis que je suis toute petite, j’ai donc baigné dans ces références- là. On était pendant le COVID donc avec Sylvie, on a beaucoup échangé par Zoom. Mais pour moi Stella est tout sauf un rôle de composition. Elle est très proche de moi. Et c’est aussi sans doute ce que Sylvie avait ressenti dès les auditions et ce qui a fait qu’on a créée d’emblée un lien très fort qui ne s’est jamais distendu.

Qu’est ce qui vous a le plus séduit dans son scénario ?

La relation mère- fille et la manière dont, comme dans Skam, le récit se fait à la hauteur de cette adolescente. Pas d'une adulte qui se souvient de son adolescence

STELLA EST AMOUREUSE: UNE SUITE EMBALLANTE [CRITIQUE]

Ca fait quoi de jouer face à Marina Foïs dans le rôle de cette mère ?

J’avoue que j’étais un peu impressionnée au départ. Débuter en plus le premier jour de tournage par la scène de la gifle qu’elle me donne ne facilitait pas les choses ! (rires) Mais, sur ce plateau, je peux dire qu'elle a été un peu ma maman comme Benjamin Biolay a été mon papa. Ils m’ont prise sous leur aile, m’ont donné plein de conseils, m’ont portée par leurs regards bienveillants. A l’image de l’ambiance familiale que sait créer Sylvie sur son plateau qui est entourée des mêmes techniciens depuis des années.

Quelle directrice d’acteurs est- elle ?

Hyper cool ! Elle sait ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas. Mais aussi comment elle va pouvoir l’obtenir. C’est simple de se laisser guider par elle car tout est toujours extrêmement clair.

Qu’est- ce- qui change pour vous sur les plateaux au fil des différentes expériences que vous avez pu vivre ?

Je me sens de plus en plus à l’aise parce que j’ai appris à savoir comment fonctionne un plateau. Je suis plus au fait des questions de lumière, de comment se positionner naturellement en fonction d’elle, de comment gérer ma respiration. J’ai encore mille choses à apprendre mais plus je joue, plus j’ai envie de faire ce métier. Alors que j’ai beaucoup plus de mal avec les auditions. J’ai le sentiment d’une mise à nu à chaque fois et je m’y sens rarement à mon aise.

Quels ont été vos derniers coups de cœur de spectatrice ?

Novembre de Cédric Jimenez mais surtout Close de Lukas Dhont. Ca fait très longtemps que je n’avais pas ressenti quelque chose d’aussi fort au cinéma et je l’ai d’ailleurs écrit à Eden Dambrine qui en tient le rôle principal. Je rêve de travailler un jour avec lui, de jouer un frère et une sœur, si jamais un réalisateur nous lit ! (rires)

Et parmi les films les plus anciens ?

J’ai revu récemment Comme des frères, le premier long métrage d’Hugo Gélin avec Pierre Niney, Mélanie Thierry et Nicolas Duvauchelle. Et j’ai encore pleuré toutes les larmes de mon corps ! Sinon, grâce à mon père, mon frère et moi avons grandi avec les De Funès. Et mon préféré, celui que je réclamais toujours, c’était L’Homme orchestre. Mais mon film de chevet, celui que je vois au moins une fois par an, c’est Titanic. Qu’est ce que j’ai pu saouler mes parents avec ça ! (rires) Je connais toutes les répliques par cœur.

Où vous reverra t’on dans les mois à venir ?

J’ai terminé L’Echappée, le premier long métrage de Hugues Hariche avec Camille Rutherford, où je joue une jeune fille qui réussit à se reconstruire au cœur d’une famille dysfonctionnelle en renouant avec son rêve : devenir hockeyeuse professionnelle.