Gandhi, le triomphe de Richard Attenborough et de Ben Kingsley
Warner-Columbia Film

"Le paradoxe, c'est que cet acteur qui n'a pas 40 ans nous touche encore plus lorsqu'il joue Gandhi vieillissant."

"Richard Attenborough devient éternel cinq ans après la sortie de Magic avec son cinquième film, écrivait-on à la mort du cinéaste, en 2014. En 1982, son Gandhi - habité par Ben Kingsley - le porte sur le toit d'Hollywood. Après plus de vingt ans de travail et de recherches sur cette grande figure du XXe siècle, le cinéaste triomphe aux Oscars et reçoit les statuettes des meilleur réalisateur et meilleur film."
Alors que le biopic de cette figure politique du tournant du XXe siècle reviendra en ce lundi soir sur Arte, nous partageons ci-dessous la critique de Georges Cohen, publiée dans Première à sa sortie. Il y a quarante ans, la rédaction adorait déjà ce portrait touchant de Gandhi, réussi à la fois en terme de mise en scène, et fascinant grâce à l'interprétation juste de son acteur principal, Ben Kingsley, présenté alors comme "un acteur anglais inconnu capable d'une composition remarquable."

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"On pourra toujours se demander ce qu'un cinéaste indien aurait fait de la vie de Gandhi. Il aurait sûrement bâti le film selon un autre rythme, plus intérieur peut-être. En tout cas, Richard Attenborough (Un pont trop loin, Magic) a réussi l'équilibre entre les contraintes spectaculaires de la superproduction et le portrait intime d'un homme exceptionnel : Gandhi, chef spirituel de l'Inde, qui conduisit son pays à l'indépendance, en 1947. Dans ce rôle, le comédien Ben Kingsley fait un travail de composition tout à faire remarquable qui lui a d'ailleurs valu d'être nommé pour les Oscars. Et le paradoxe, c'est que cet acteur qui n'a pas 40 ans nous touche encore plus lorsqu'il joue Gandhi vieillissant. Au moment où l'on approche du dénouement, de ces dramatiques affrontements entre Hindous et Musulmans qui sont un peu le symbole de l'échec de Gandhi en politique intérieure. Le spectacle dépasse ici les limites du genre et devient le vrai reflet du désordre historique."