Affiches sorties de film mercredi 4 janvier 2023
ARP Sélection/ Ad Vitam/ StudioCanal

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
NOSTALGIA ★★★★☆

De Mario Martone

L’essentiel

Porté par le ténébreux Pierfrancesco Favino, le héros du Traître, ce drame napolitain à la noirceur assumée nous plonge dans le labyrinthe physique et mental d’un homme hanté par son passé. Magnifique.

Cette adaptation d’un roman d’Ermanno Rea, est l’histoire d’un impossible retour. Felice (Pierfransesco Favino) réapparaît après 40 ans d’absence à l’endroit où il a grandi, à Naples. Rien n'a beaucoup changé, les stigmates sur les murs sont les traces béantes d’un passé éternellement réactivé sous les plis d’un présent sous cloche. Et Felice dont le passé secret se reconstruit au fur et à mesure que l’étau se resserre autour de lui, cherche à revoir celui qui fut jadis son alter-ego, le parrain du quartier. Un double maléfique de lui-même, prisonnier de la Sanità, auquel le protagoniste entend donc se confronter. La nostalgie dont parle le film, n’exprime pas tant des regrets liés aux fantasmes du souvenir que la façon dont le réel, bien que chargé d’histoires anciennes, ne parvient pas à montrer autre chose que sa laideur. Felice – heureux en italien – est perdu au milieu des décombres de ses racines. C’est un Napolitain qui a osé retirer son masque. Magnifique.

Thomas Baurez

Lire la critique en intégralité

PREMIÈRE A AIME

LES SURVIVANTS ★★★☆☆

De Guillaume Renusson

Pour son premier long métrage, Guillaume Renusson a choisi de s’emparer d’un thème d’une actualité souvent tragique - le sort réservé aux réfugiés clandestins à la frontière franco- italienne - mais avec la judicieuse idée de faire se percuter deux histoires de survivants. Une femme qui a fui l’Afghanistan et tente de traverser la frontière en échappant à la surveillance d’une bande de fachos et un homme qui, rongé par la culpabilité après la mort de sa femme, part s’isoler dans un chalet perdu, dans la montagne. Les Survivants transcende tout à la fois le drame intime et le film sociétal pour se métamorphoser dans une fluidité jamais prise en défaut en survival alpestre où le duo va devoir rivaliser de courage, d’ingéniosité et transcender ses souffrances pour échapper aux griffes de leurs poursuivants prêts à tout pour les stopper dans leur périple. Mis en scène sans fioriture, efficace mais jamais simpliste, Les Survivants s’appuie aussi sur un duo majeur, Denis Ménochet et Zar Amir Ebrahimi. L’alchimie qui les unit tient un rôle essentiel dans la forte impression qui émane de ces Survivants- là.

Thierry Cheze

Lire la critique en intégralité

16 ANS ★★★☆☆

De Philippe Lioret

En 1987, en pleine montée du FN, Gérard Blain signait Pierre et Djemilah, un Roméo et Juliette au cœur d’une cité de Roubaix qui embrassait les questions de racisme de plus en plus présentes dans le débat national. En 2022, dans une France encore plus clivée, Philippe Lioret s’aventure sur le même terrain pour son retour après 6 ans d’absence. Une histoire d’amour entre deux lycéens, Nora et Léo, rendue impossible le grand frère machiste de Nora qui ne supporte pas d’avoir été viré par le père de Léo, patron d’un hypermarché comme par ce dernier qui interdit à son fils de revoir la sœur de celui qu’il assimile à un caïd. Et tout en révélant deux jeunes comédiens épatants de présence et de justesse – Sabrina Levoye et Teïlo Azaïs -, Lioret sait ici remarquablement faire monter une tension étouffante au fil du destin bouleversant de ces deux amants maudits sans jamais verser dans les clichés.

Thierry Cheze

CET ETE- LA ★★★☆☆

De Eric Lartigau

Cet été- là, c’est celui où tout bascule dans la vie de Dune, 11 ans qui attend avec impatience juillet pour passer ses vacances avec sa meilleure amie Mathilde, 9 ans, dans les Landes, la première traversant en famille la France pour rejoindre la seconde qui y vit. Car cet été- là, plusieurs choses clochent. La crise de couple de moins en moins cachée que vivent ses parents, Mathilde qui tarde à grandir alors que Dune regarde, elle, de plus en plus, avec envie, vers les grands, ces ados du coin qui vivent leurs premiers amours. En adaptant une BD japonaise éponyme signée par Jillian et Mariko Tamaki, Eric Lartigau s’aventure sur le terrain embouteillé du passage de l’enfance à l’adolescence. Et à l’image de son précédent film, #Jesuislà, sa sensibilité jamais mièvre lui permet de trouver le bon ton et la bonne distance – toujours à hauteur d’enfants, jamais du point de vue des adultes – pour raconter ce moment de perte d’innocence, où les phrases des plus grands qui vous passaient par-dessus la tête viennent soudain vous impacter.

Thierry Cheze

Lire la critique en intégralité

TIRAILLEURS ★★★☆☆

De Mathieu Vadepied

Entre 1914 et 1918, 200 000 tirailleurs dits « sénégalais » sont venus grossir les rangs de l’armée française et 30 000 n’y ont pas survécu. Dans un geste à la Indigènes, Omar Sy a souhaité développer sa toute première production autour de ce sujet, en y incarnant un père qui s’enrôle dans l’armée pour rejoindre son fils de 17 ans, recruté de force. Mis en scène avec sobriété mais non sans puissance – notamment dans les scènes de bataille - par Mathieu Vadepied (La Vie en grand), Tirailleurs se vit tout à la fois comme un film de guerre et la chronique d’une relation père- fils au rapport inversé par la boucherie des combats, le fils, galvanisé par la folie guerrière d’un lieutenant, devenant le supérieur rosse de son père, Certes l’ambition pédagogique qui sous- tend un tel projet prend parfois le pas sur le cinéma mais sans abimer sa puissance émotionnelle, juste car jamais forcée.

Thierry Cheze

PROFESSEUR YAMAMOTO PART A LA RETRAITE ★★★☆☆

De Kazuhiro Soda

Le renommé Professeur Yamamoto, pionnier de la psychiatrie dans les années 60 au Japon, perché sur sa canne, s’apprête à partir à la retraite, à 82 ans. Ce documentaire l’observe annoncer son départ à ses patients, souvent désemparés, parfois reconnaissants. Il faut les voir ces hommes et ces femmes, recroquevillés sur eux-mêmes, éplorés, en lutte contre leurs démons. En face, le Professeur est leur recours. Mais le vieillard part. Un film délicatement poignant.

Estelle Aubin

Retrouvez ces films près de chez vous grâce à Première Go

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

VENEZ VOIR ★★☆☆☆

De Jonas Trueba

En 2019, Jonas Trueba signait avec Eva en août le sommet de sa filmo, mélange parfait de cérébralité et de sensualité. Depuis, il n’a jamais réussi à recréer ce fragile équilibre. Après l’interminable Qui a part nous, sorte de sous Adolescentes, Venez voir met en scène deux couples et leurs échanges sur la vie, l’amour, l’art... Il y a ça et là des fulgurances indéniables mais de nouveau la cérébralité écrase tout et accouche d’un film qui paraît parfois regarder ses spectateurs de haut.

Thierry Cheze

ETUGEN ★★☆☆☆

De Arnaud Riou et Maud Beignères

Plan large sur les plaines dorées de la Mongolie. Cut. Témoignage face cam de bouddhistes, chamans ou autres conteurs spirituels devant un fond noir. Cut. Gros plan gentiment niais d’une branche blanche de neige ou d’une flamme qui crépite, façon fond d’écran Windows, pendant que les experts des âmes invisibles terminent leur logorrhée. Le documentaire d’Arnaud Riou et de Maud Baignères, surplombé par une voix off impérieuse, est aussi classique que didactique. Étouffant même.

Estelle Aubin

L’ETRANGE HISTOIRE DU COUPEUR DE BOIS ★★☆☆☆

De Mikko Myllylahti

Ça commence comme un épisode de la série Fargo : un bled perdu au milieu des neiges, des doudounes, des coucheries, une crise économique... Mais très vite, on plonge en plein rêve, ou plutôt en plein cauchemar, avec des envolées oniriques et de longs plans fixes ponctués de visions obscurément absurdes (et vice versa). Ce n'est pas si mal, au fond, mais quand même un poil trop pompeux pour convaincre.

Sylvestre Picard

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

RADIO METRONOM ★☆☆☆☆

De Alexandru Belc

Bucarest, 1972, sous Ceaușescu. La jeunesse roumaine est en quête de liberté et Ana rejoint ses amis à une fête, où le petit groupe fait passer une lettre à l’émission musicale radiophonique Metronom, qui diffuse clandestinement des tubes rock. Mais la police secrète, la Securitate, débarque soudainement… Réalisateur de documentaires et scripte pour Cristian Mungiu ou Corneliu Porumboiu, Alexandru Belc signe sa première fiction. Un coming of age movie sur la délation et la fin de l’innocence sous une dictature, qui ne touche à son but que dans quelques trop rares moments entre l’héroïne (Mara Bugarin, vraie découverte) et l’officier qui l’interroge (Vlad Ivanov, toujours impeccable). Bien que récompensée à Un Certain Regard, la mise en scène, pudique à l’excès, est dans un tel refus du surlignage qu’elle finit par étouffer le film..

François Léger

 

Et aussi

De l’autre côté du mur, de Tiburce

Mes chers espions, de Vladimir Léon

Mobile Suit Gundam : Cucuruz Doan’s Island, de Yoshikazu Yasuhiko

Les reprises

Laura, de Otto Preminger