"Et il me doit encore de l’argent."
Lors d’une récente interview consacrée à un documentaire sur sa carrière, le réalisateur, scénariste et acteur Kevin Smith a fait une révélation assez saugrenue à Variety : Harvey Weinstein lui doit toujours de l'argent pour Clerks !
Petit retour en arrière. En 1994, Kevin Smith est un jeune étudiant qui paie ses études en travaillant dans une épicerie. Lors des horaires de fermeture de celle-ci, il réalise un petit film où il compile les anecdotes de sa vie et de son travail alimentaire. Ce sera Clerks (Clerks : Les Employés modèles), tourné en 21 jours, en noir et blanc pour un budget de 27 575 $, financé en partie par la vente de sa collection de comics. Résultat : prix de la Jeunesse à la Semaine internationale de la critique à Cannes, Prix du Public au Festival du film américain de Deauville et Trophée des cinéastes au festival de Sundance !
Très vite repéré par Miramax Films (la société d’Harvey Weinstein), qui en acquiert les droits, Clerks deviendra le succès du cinéma indépendant de l’année avec près de 3,2 M$ au box-office US et 6 M$ dans le monde et accessoirement lancera la carrière de Kevin Smith et donnera lieu à une suite et même un Kevin Smith Universe (appelé par les fans le View Askewniverse), si on tient compte du fait que Jay (Jason Mewes) et Silent Bob (Kevin Smith), les deux personnages de Clerks, apparaîtront dans un autre film de Kevin Smith, Dogma, auront droit à leur spin off (Jay et Bob contre-attaquent) puis (Jay and Silent Bob Reboot) et feront même un petit passage dans Scream 3, Les Glandeurs ou encore Méprise multiple.
Bref, le film est devenu véritablement culte et son exploitation vidéo, télévisuelle, puis VOD a généré et génère encore des revenus. Or, l’interview de Variety nous apprend qu’il a fallu sept ans avant que Weinstein ne commence à payer des droits d’auteur à Kevin Smith...
"Il était connu pour ne pas payer l’argent qu’il devait. Cela m’est arrivé. Et il me doit encore de l’argent. Mais sachez que je n’ai jamais été très intéressé par l’argent. Toute ma carrière, mes conseillers me disaient 'Vous êtes censé vous faire beaucoup plus.' Mais l'argent n'a jamais été une motivation pour moi. Autant que je sache. Ils [Miramax] ont acheté Clerks pour 227 000 $. Le film est sorti et a fait 3 millions de dollars au box-office. Et il nous a fallu sept ans pour voir le bénéfice de ce film. Pendant sept ans, ils nous ont dit : 'Non, le film ne génère toujours pas de profit'."
Kevins Smith concède que Weinstein l’a emmené au festival de Cannes, à la semaine de la critique (avec 3 autres films : Fresh et The Picture Bride, tous deux au marché du film et surtout Pulp Fiction, en compétition officielle et qui remportera la Palme d'Or).
"On m'a donné une chambre d'hôtel, celle gratuite du festival. C'est une façon de dire que Miramax n'avait rien à payer. Il y avait un yacht, le yacht Miramax, ça s'appelait. C’est là que toutes les stars étaient. Nous avons traîné sur le bateau, avons passé du temps avec Quentin [Tarantino] après qu'il ait gagné sa Palme d'Or. Mais ce yacht n'était pas spécifiquement pour nous. Une fois le festival terminé, nous avons obtenu les documents financiers. Ils avaient pris l'intégralité des frais de Cannes, tout ce qu'ils avaient dépensé à Cannes, et l'avaient juste coupé en quatre parts égales et Clerks a été facturé autant que Pulp Fiction."
A ce moment-là, l’avocat de Kevin Smith lui a conseillé de faire faire un audit des comptes. "J'ai dit : 'Non, je ne peux pas auditer les gens avec qui je travaille. C'est dégoutant.' Et nous ne les avons jamais audités, pendant des années, jusqu’à Clerks 2. Et puis nous avons enfin fait l’audit, des années plus tard et avons obtenu beaucoup d'argent."
Bien évidemment, on peut du coup se demander pourquoi Smith a-t-il continué avec Miramax ?
"Parce que j'ai été payé d'avance pour chaque film. Croyez-moi, je ne vais pas dire que je suis pauvre et que je n’ai obtenu que de ridicules rémunérations. Au moment où j'ai fait Zack et Miri Make font un Porno, je pense avoir gagné entre 5 et 6 millions de dollars. Je ne vais pas me plaindre"
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