L’irrésistible duo Jean Carmet- Gérard Depardieu est à l’honneur ce soir de « Place au cinéma » sur France 5, présenté par Dominique Besnehard
Un film tiré d’une histoire vraie
Le Sucre de Jacques Rouffio met en scène un inspecteur des impôts tout juste retraité qui, montant à Paris pour placer l’argent dont sa femme vient d’hériter, va se faire arnaquer par un Vicomte lui conseillantde spéculer… sur le sucre. Ce scénario ne vient pas de nulle part. En 1974, soit 5 ans avant la sortie du film, le prix du sucre avait flambé en France suite à l’annonce d’une pénurie et du rush dans les magasins pour s’en procurer qui avait suivi. Cette situation avait provoqué la ruée de nombreux investisseurs sur ce marché des matières premières… avant que la bulle spéculative n’explose, conduisant ces porteurs à la ruine et manquant d’emporter avec elle trois grosses banques françaises, avant que l’Etat ne se décide à éponger la dette proche de… 66 milliards de francs !
Un tandem complice
Avant d’être un film de Jacques Rouffio, Le Sucre est un roman de Georges Conchon, publié en 1977. Mais la collaboration entre le réalisateur et l’auteur récompensé d’un Prix Goncourt en 1964 pour L’Etat sauvage (porté à l’écran en 1977 par Francis Girod) et le réalisateur a débuté dès 1966. Puisque L’Horizon, le tout premier long métrage de Rouffio - ancien assistant de Jean Delannoy, Jean- Pierre Mocky, Henri Verneuil ou encore Georges Franju – est co- écrit par Conchon qui, la même, année, développe une première mouture de l’adaptation de L’Etranger de Camus pour Luchino Visconti. L’échec de L’Horizon empêchera Rouffio d’enchaîner. Mais quand dix ans plus tard, il repasse enfin derrière la caméra avec 7 morts sur ordonnance, c’est de nouveau avec la complicité de Conchon à l’écriture. Et les deux hommes se retrouveront neuf ans après Le Sucre, en 1986, pour une ultime collaboration sur Mon beau- frère a tué ma sœur où Rouffio dirigeait deux de ses interprètes du Sucre, Jean Carmet et Michel Piccoli. L’antépénultième film de Rouffio qui mettra un terme à sa carrière sur grand écran en 1989 avec L’Orchestre rouge. Et l’avant dernier de Conchon qui fera ses adieux au cinéma en 1990 avec Lacenaire de Francis Girod. Georges Conchon s’éteindra la même année à 65 ans et Jacques Rouffio en 2016 à 87 ans.
Le début d’une grande histoire d’amitié
Ils s’étaient déjà croisés sur les tournages du Cri du cormoran, le soir au- dessus des jonques de Michel Audiard, du Viager (en 1971) et des Gaspards (en 1974) de Pierre Tchernia et de René La Canne de Francis Girod en 1976, sur un scénario écrit par… Jacques Rouffio. Mais en portant pour la première – et unique - fois en tandem un film sur leurs épaules avec Le Sucre, une amitié profonde et indéfectible va naître entre Jean Carmet et Gérard Depardieu. Ils partageront par la suite quatre autres fois l’affiche d’un même film, chez Bertrand Blier (Buffet froid et Merci la vie), Francis Veber (le temps d’une scène culte dans Les Fugitifs) et Claude Berri (Germinal).
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