Il est des succès dont on ne se remet pas. Ce fut le cas pour Thomas Vinterberg, qui n’a encore jamais réussi à surpasser Festen, film qui lançait le Dogme95 et provoquait une onde de choc internationale… il y a 14 ans. « Le succès démesuré de Festen a été déroutant (…) Sur le plan artistique, ça m’a déconcerté pendant quelque temps » explique-t-il dans un entretien pour le Danish Film Institute. Il lui aura d’ailleurs fallu cinq ans et une traversée de l’Atlantique pour s’en remettre : en 2003, il sort It’s all about love, un drame romantique de science-fiction tourné en anglais qui fait un flop malgré son casting (Joaquin Phoenix, Sean Penn, Claire Danes). Dear Wendy, écrit par Lars Von Trier, est aussi un four, même au Danemark. Il ne restait plus pour Vinterberg qu’à changer de registre. Il s’essaie donc à la comédie avec When a man comes home, qui n’a même pas trouvé de distributeur en France.Ce n’est qu’en 2010 que la critique s’intéresse de nouveau au cinéaste pour la sortie de Submarino, un drame sélectionné à la Berlinale dans lequel il renoue avec la noirceur de ses tableaux familiaux. Au risque qu’il ne soit jugé qu’à l’aune de sa comparaison avec Festen. Toujours plus noir, toujours plus loin, Submarino étouffe le spectateur quand sa première tragédie familiale pouvait couper le souffle. S’il n’est pas purement et simplement ignoré à sa sortie, il est quasi oublié deux ans après. Qu’en sera-t-il de La Chasse, présenté cette année en compétition à Cannes ?L’histoire : un homme brisé par un douloureux divorce et la perte de son emploi tente de se reconstruire jusqu’au jour où il est injustement accusé de viol par une petite fille. La communauté du petit village dans lequel il s’est installé se vautre dans l’hystérie collective et l’homme se retrouve à combattre seul pour sauver sa vie et sa dignité.Brûlot sociologique, drame humain, sujet sulfureux… Vinterberg revient bien à ses premières amours, avec un atout non négligeable : la présence de Mads Mikkelsen, dont le talent contribuera sans doute à faire de cette Chasse un film mémorable. Vinterberg y croit en tous cas. Il décrit son nouveau film comme un retour à la pureté de la vision qu’il avait au début de sa carrière, lorsqu’il a réalisé son film de fin d’études, Last Round. « Aujourd’hui, j’ai l’impression d’être de retour » confiait-il au Danish Film Institute. A voir si le jury cannois aura la même impression.Vanina Arrighi de CasanovaSuivez toute l'actu cannoise sur notre dossier spécial avec Orange Cinéday
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- Thomas Vinterberg (Festen) est-il l’homme d’un seul film ?
Thomas Vinterberg (Festen) est-il l’homme d’un seul film ?
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