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Ce soir, Canal+ diffuse sa nouvelle série créée par Eric Rochant, Le Bureau des Légendes, un 10 fois 52 minutes avec Mathieu Kassovitz, Jean-Pierre Darroussin, Léa Drucker et Sara Giraudeau. Premières impressions.

Encore une fois, avec Le Bureau des Légendes, Canal+ frappe fort par son ambition. Non pas, pour une fois, une ambition économique (quoi que) telle qu’avec sa future série Versailles, mais bien une ambition sérielle. Il était temps.Dès le départ, le show fut conçu comme une véritable série à la manière de ce que font les productions américaines depuis des années et que les Français importent peu à peu. Ainsi, Eric Rochant, le créateur de la série, a opté pour le rôle de showrunner faisant travailler un pool de scénaristes et de réalisateurs (lui-même n’ayant réalisé que le pilote), tous dédiés au projet. Le but étant bien sûr de rendre une saison par an, coûte que coûte (trois saisons sont pour le moment prévues) et de ne pas se retrouver avec près de trois ans entre deux saisons, comme par exemple avec Les Revenants.Bien évidemment, France 2 avec Fais pas ci Fais pas ça ou TF1 avec Clem sont désormais sur ce même modèle, mais ce n’était pas le cas à l’origine. Cette "technique" de travail est venu avec le temps, succès et impatience du diffuseur aidant.Une chose est certaine, la qualité de la série n’en a pas souffert. Avec Le Bureau des Légendes, Eric Rochant retrouve son terrain de prédilection, le monde de l'espionnage (Möbius, Les Patriotes) et peut s’amuser à l’envi, affranchi du dictat des deux heures réglementaires du cinéma. Les histoires d’espions, Eric Rochant aime ça, ça se sent et l’homme sait partager sa passion. Il ne faut pas plus d’un épisode du Bureau des Légendes pour que le téléspectateur devienne parano, suspectant chaque personnage d’être un agent double, voire tripe ou quadruple, qui sait ?La série est une plongée radicale et chirurgicale, une immersion totale dans le monde obscur de l’espionnage, porté par un Mathieu Kassovitz au mieux de sa forme (récompensé par un prix d’interprétation ce week-end au Festival Séries Mania) en espion usé par les missions successives et autant d’identités différentes à endosser (les fameuses Légendes du titre). Face à lui, la frêle Sara Giraudeau incarne la subjectivité de l'histoire et prête sa (relative) candeur à une aspirante espionne par qui nous sont ouvertes les portes du Bureau. Nous sommes dans un monde de fausses pistes et de faux semblants, réaliste ou du moins vraisemblable. Une série hybride, mix entre Homeland (l’action à la 24 heures chrono en moins) et l’excellente Rubicon (la simplicité en plus) qui place non sans malice le téléspectateur en espion d’un soir (cinq soirées de deux épisodes) face à des acteurs endossant les légendes de leurs personnages.>>> Le Bureau des Légendes : débriefing de la nouvelle série Canal avec Monsieur Jacques et MarinaNicolas Bellet