Bientôt une saison 2 de la nouvelle série Chair de poule ? “On espère bien, oui !”

Ses créateurs, Rob Letterman et Nicholas Stoller, nous parlent du changement de ton de Goosebumps 2023, mais aussi de sa potentielle suite.

Lancée un peu avant Halloween sur Disney+, la série Chair de poule 2.0 prend fin aujourd'hui, avec la diffusion du 10e épisode de la saison 1. En attendant la suite ? On a bien essayé de tirer les vers du nez de Rob Letterman (déjà derrière le film de 2005 avec Jack Black) et Nicholas Stoller (Sans Sarah rien ne va, Bros...), ses deux showrunners, mais ils ont pris soin de ne rien divulgâcher. Par superstition ? A force d'écrire des histoires qui font peur, ils ont peut-être redouté de se porter la poisse en en disant trop ?

Le duo nous a en revanche parlé en détails des multiples changements de cette relecture des romans de R.L. Stine, qui ne ressemble pas vraiment à la série des années 1990.

Car si Chair de Poule était jusqu'ici une série littéraire pour pré-ados (des centaines d'histoires sont parues depuis le début des années 1990), puis des divertissements destinés avant tout aux enfants de 8-10 ans, cette nouvelle version bouleverse ce concept.

Goosebumps 2023 s'adresse en effet aux spectateurs de plus de 12 ans (la série est même déconseillée aux moins de 14 ans aux Etats-Unis). Fini le show d'anthologie avec un monstre ou une malédiction attaquant des gamins différents à chaque épisodes ! Une poignée d'intrigues avaient bien eu le droit à des suites, à un découpage en deux parties, mais celle-ci se compose d'une seule et même histoire.

Elle s'inspire toujours des livres les plus mémorables de Stine (Dangereuses photos, Le Masque hanté, La nuit du pantin...), mais ne se termine plus systématiquement par un cliffhanger pour changer d'intrigue et d'acteurs à l'épisode suivant. Ici, on retrouve ses mêmes étudiants tout au long du récit, ainsi que leur professeur mystérieux à souhait, incarné avec un certain panache par Justin Long. Un grand habitué des productions horrifiques (Jeepers Creepers, Jusqu'en enfer, Barbare...) et des comédies américaines (Galaxy Quest, Idiocracy...).

Pourquoi le duo a-t-il voulu chambouler ainsi Chair de poule ? Voici leurs explications.

Première : Alors ça y est, la première saison s'arrête et...
Rob Letterman : Chut !

Vous ne voulez pas teaser la suite ?
RL : On voulait plonger à fond dans la mythologie de Slappy. Ca, je peux vous le dire !
Nicholas Stoller : Oui, c'est pour ça qu'on a fait cette fausse fin à l'épisode 8. Avec cette impression que tout va bien. C'était très fun de jouer avec cette nouvelle manière de raconter une histoire.

Le court teasing en fin d'épisode annonce donc les épisode 9 et 10, pas la saison 2 ?
RL : Exactement. Pour la simple et bonne raison qu'on ne sait pas encore si on sera renouvelé. On espère bien faire une saison 2, soyons clairs ! On a plein d'idées en tout cas. Si jamais on nous donne le feu vert, on a de quoi faire.

Parlons du changement de concept, alors ?
RL : Carrément ! Quand on a commencé à bosser sur Goosebumps, il existait bien sûr cette ancienne série, et il y avait les films, sur lesquels j'ai personnellement travaillé. On a tout de suite voulu apporter quelque chose de neuf. Quand on a pensé à cette façon de raconter une même histoire, on a foncé car ça nous permettait de nous plonger davantage dans la mythologie. Tout en développant plus profondément ces personnages, puisqu'on allait passer beaucoup de temps avec eux. On trouvait ça intéressant de rester dans la continuité durant toute une saison.

NS : Ce qui ne nous empêche pas de créer des twists, de finir un épisode sur un énorme cliffhanger, de faire des surprises...

RL : Au contraire, on aimait cette nouvelle façon de jouer avec les attentes des spectateurs. Tout en s'inspirant évidemment des romans : on a repris des idées, des objets ou des monstres directement de l'univers de R.L. Stine. Au milieu de l'écriture, on a constaté que ça marchait bien de les associer ainsi, que ces histoires se mariaient parfaitement ensemble, donc on a foncé.

NS : Je dois dire aussi que je suis personnellement un spectateur assez paresseux. Même si j'adore les séries télé, je dois avouer que si je dois rencontrer de nouveaux personnages toutes les demi-heures pour changer complètement d'histoire, ça peut vite me lasser. 

LR : Pour répondre à votre première question : c'est aussi en construisant une plus grosse mythologie, une base solide, qu'on pourra continuer d'étendre notre histoire. Non, je n'ai pas annoncé de saison 2 ! Mais vous comprenez l'idée : on adore nos personnages, on leur a offert des personnalités fouillées, et on aimerait les retrouver.

NS : Il y a donc de l'espoir (rires). On a d'ailleurs laissé plein de pistes ouvertes pour une potentielle suite. Il y aurait de quoi faire d'autres saisons.

Oui, vous faites plein de clins d'oeil à la pop culture, de X-Files à Marvel en passant par Stephen King. Et vous glissez ici ou là des éléments d'autres romans de Stine...
RL : Il faut dire qu'il y a tellement de bouquins. Environ 200, non ? R.L. Stine a imaginé de multiples bons points de départs à des récits intéressants. On s'est bien amusés sur la première saison et c'est vrai qu'on aimerait continuer. Mais chut ! On ne dira rien de plus pour ne pas gâcher le plaisir aux spectateurs.

Et des acteurs ? On peut parler des acteurs ?
RL : Oui, je peux vous dire qu'on a eu de la chance en trouvant ces gamins. Quand vous choisissez des jeunes comédiens, ce sont quasiment systématiquement des inconnus. Seul Miles (McKenna, qui joue James, ndlr) était célèbre aux Etats-Unis. Pour sa chaîne YouTube, pas pour ses talents d'acteur. On voulait à tout prix que ça sonne juste entre eux, qu'ils sachent jouer la comédie, ainsi que les scènes dramatiques, mais surtout que l'alchimie de groupe fonctionne. D'ailleurs, on a beaucoup réécrit pour eux. Une fois castés, quand on a vu comment ces cinq jeunes interagissaient sur le plateau, on leur a ajouté des traits de personnalité, des vannes, des émotions.

NS : L'un des trucs les plus sympa de cette expérience, c'était de les voir devenir potes en vrai, en parallèle du tournage.

RL : Et puis il y avait les parents, plus connus et qui ont sans doute vu l'opportunité de se lâcher.

NS : Justin Long, ce fut vraiment le casting idéal. Il a proposé tellement de choses, il n'arrêtait pas de nous surprendre. Bien sûr, on savait qu'il aimait le cinéma d'horreur et qu'il serait à l'aise dans la comédie, qu'il avait du bagout, mais pas qu'il en donnerait autant. Il était génial !

RL : Physiquement parlant, il était tellement impliqué que ça en devenait flippant. Avec ce personnage, il devait jouer deux personnalités en une, comme si sa main gauche agressait sa main droite. Et il faisait ça avec une telle aisance. On finit par avoir de l'empathie pour lui aussi, et c'est grâce à la performance d'acteur que peut se créer ce lien-là avec le spectateur.

NS : Je crois qu'il s'est énormément amusé et que ça se voit à l'écran.

J'ai une question sur Slappy...
RL : Qui ne spoile rien ?

A propos de son changement de look. On le voit dans les bandes-annonces, donc je dirais que non ?
RL : Je vais essayer de vous répondre en faisant très attention. Il y a une bonne raison pour laquelle Slappy a changé d'apparence -et de voix- par rapport à ses précédentes apparitions. Vous ne le comprendrez qu'en regardant la série jusqu'au bout. Quand j'ai fait le film avec Jack Black, il fallait que l'apparence du pantin colle avec son style de jeu à lui. Là, il y a ce même genre d'idée avec Chris (Geere, qui prête sa voix à Slappy et que Letterman connaît bien pour l'avoir fait tourner dans Pokémon : Détective Pikachu, ndlr). On a fouillé dans les bouquins pour faire naître 'notre' Slappy. Un antagoniste qui soit différent, surprenant, et en même temps proche de ce qu'avait créé Stine. On a pris le temps de faire monter la tension, d'étoffer la menace. D'ailleurs, souvenez-vous du premier livre dans lequel il apparait : on le voyait à peine en action !

NS : C'est un peu facile de faire peur avec une marionnette, dans le sens où l'on n'a pas besoin d'un design effrayant en soi pour que le rendu soit flippant. C'est dérangeant ces trucs, ces spectacles de ventriloques... Ils dégagent une vibe assez glauque avec leurs "peau" en bois, leurs yeux disproportionnés pour des raisons techniques, leurs vrais cheveux humains.... On a tout simplement puisé dans l'histoire de ce type de shows, qui existent véritablement depuis plus de 100 ans.

L'autre grand changement de votre série, c'est qu'elle est interdite aux moins de 12 ans. C'est une évolution majeure par rapport au concept d'origine des romans, par lesquels les pré-ados découvrent la littérature horrifique. Là, vous vous adressez à des spectateurs qui ont déjà vu des films d'horreur.
NS : Oui, on voulait s'adresser à un public plus mature, c'est vrai. On a donc choisi ces personnages de 17 ans, et on a proposé des monstres et cauchemars visuels assez graphiques, qui peuvent faire peur en dessous de 12 ans. Rien d'incroyablement violent non plus, ceci dit... En fait, ce qu'on s'est dit, c'est que les gamins qui ont grandi avec la série Goosebumps des années 1990 sont adultes aujourd'hui. Ils ont peut-être à présent eux aussi des enfants ? Avec qui ils voudraient découvrir ce nouveau show ? On pouvait se permettre d'être un peu plus effrayants, tout en étant plus réalistes, aussi. En plongeant nos personnages dans des crises existentielles ou des situations dures pour eux émotionnellement. Je crois que c'était aussi une manière d'être honnêtes avec nous-mêmes, comme on a tous les deux des ados à la maison...

RL : Oui, par exemple, mon ado, qui a 16 ans, n'est plus forcément très intéressée par les histoires de gamins de 12 ans, il faut bien l'avouer. On a pris cette dynamique en compte, c'est vrai.

NS : On regarde le monde à travers leurs yeux, maintenant. Et c'est dingue tout ce dont ils sont témoins, il y a tellement de folies dans le monde réel. C'est limite plus inquiétant d'envoyer son enfant à l'école que de le voir être possédé par une force démoniaque. Bon, j'exagère un peu, mais notre série, elle est là "juste" pour se faire peur. C'est de la bonne peur, vous voyez ?