Ca : bienvenue à Derry
HBO Max

Les Muschietti poussent l’univers de Stephen King vers une variante télévisuelle plus gore et plus brutale que leurs films précédents. La série « Ça » ramène le clown le plus célèbre de la pop culture dans un préquel impressionnant, dans tous les sens du terme. Une expérience viscérale.

Oubliez les films. Ça revient sur le petit écran et ça n’a jamais été aussi impressionnant. Plus brutale et plus gore que le diptyque qui a cartonné dans les salles (en 2017 et 2019) - au point de devenir le plus gros succès d’horreur de l’histoire du cinéma – la série pousse le curseur beaucoup plus loin. On peut même le dire de manière assez solennelle : jamais Stephen King n’avait été porté à l’écran de manière aussi graphique. Bien sûr, on n’oublie pas la Carrie sanglante de Brian de Palma (1976) ou le Cujo ignoble (de 1983) qui a ruiné les saint-bernards pour toute une génération.

Mais Ça : Bienvenue à Derry aspire clairement à monter le curseur d’un cran dans le genre horrifique. Dès la scène d’ouverture, spectaculairement féroce, comme un postulat, Andy Muschietti prévient : ça va faire mal ! Et dès la fin du premier épisode, d'une brutalité hallucinante, il enfonce le clou !

Ca : bienvenue à Derry
HBO Max

Le réalisateur des deux films précédents et sa grande soeur Barbara (scénariste) poursuivent leur entreprise kingienne, mais se conforment aujourd’hui à une tendance de plus en plus prégnante dans l’épouvante : il faut que ça saigne, beaucoup, et de manière visqueuse. Il faut que les boyaux raclent le sol. Que la souffrance marque l’écran comme un coup de craie sur un tableau noir. Oui, les films Ça faisaient déjà peur. Mais la série délaisse l’horreur « grand public » qui flirtait avec le fantastique léger pour basculer dans l’effroi total.

Et ça secoue. On parle de meurtres d’enfants ostensiblement mis en scène. De cauchemars qui prennent vie dans des tableaux macabres déconcertants. Une radicalité assumée, qui s’inscrit dans la veine des séries du genre récemment diffusées sur les plateformes : il faut en montrer toujours plus pour exister. Ça va se disputer, cette année, le titre de série la plus macabre d’Halloween avec la saison 3 de Monstre : l’histoire d’Ed Gein où la violence atteint des sommets, à la limite du soutenable.

Welcome to Derry
Warner.

Les Muschietti cèdent à ces sirènes sauvages. Heureusement, ils n’en oublient jamais la tension dramatique et l’intensité narrative. Leur histoire originale, inspirée de King, serait même plutôt passionnante.

Elle nous plonge dans le début des années 1960, pour raconter de façon plus approfondie les origines du clown Grippe-Sou (Pennywise) au sein de la petite ville de Derry, bien connue des fans de l’écrivain. Alors qu’un petit garçon disparaît un soir sans laisser de trace, après être allé au cinéma, ses camarades de classe se lancent à sa recherche. Ils vont finir par découvrir qu’un étrange pouvoir maléfique rôde dans la cité du Maine. L’Armée américaine est déjà au courant. En pleine Guerre Froide, ça l’intéresse évidemment…

Toute cette violence est contrebalancée par une esthétique léchée admirable. La production est d’une rare ambition. Depuis le générique animé éblouissant, on est subjugué par ce décor somptueux et la photographie sublime, qui confèrent à la série un cachet visuel rarement atteint dans les productions d’horreur contemporaines. Et les jeunes talents du casting sont assez bluffants, dans cette atmosphère oppressante, où une mort brutale les attend au coin du lit. D’ailleurs, malgré son intention horrifique, la série conserve en son cœur un esprit d’aventure 80’s : des enfants à bicyclette qui mènent l’enquête contre un mal invisible et tentent de sauver leurs camarades disparus…Voilà qui rappellerait presque un certain Stranger Things… elle-même très inspirée par Stephen King et par Ça. De quoi boucler l’horrible boucle.

Ça : Bienvenue à Derry, saison 1 en 8 épisodes, à voir sur HBO Max en France, chaque lundi.


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