Soprano A la vie à la mort
Disney+

« On utilise ma carrière, comme un prétexte, pour expliquer comment quatre jeunes des quartiers nord de Marseille ont réussi à remplir des stades... »

Fin 2021, Montre jamais ça à personne, la docu-série sur la jeunesse d'Orelsan, filmée par son frère à travers les années, avait généré un sacré buzz. Demain, c'est Soprano qui racontera son parcours atypique sur Disney +, dans À la vie à la Mort, un documentaire en six épisodes qui revient sur son enfance dans les années 80 dans les quartiers nord de Marseille jusqu’à l’enregistrement de son dernier album en 2021. Une production originale pour la plateforme de streaming aux grandes oreilles, dans laquelle on découvre la grande amitié qui lit Saïd M’Roumbaba (alias Soprano) à ses trois potes d'enfance, Mateo, Djamali et Mej, les trois autres artisans de son épopée artistique, de Psy 4 de la Rim à son carton en solo avec plus de 3 millions d'albums vendus à clé !



« Ça fait très longtemps qu'on se dit qu'on a une vie qui ressemble à un film ou à une série. Les années passant, les projets grandissant, la carrière de Saïd prenant de l'ampleur, on se disait qu'il fallait en faire quelque chose maintenant. Ne serait-ce que pour inspirer de nouvelles générations », nous confie Mateo, que Première a pu interroger, avant le lancement du doc. « On a une histoire qui n'intéresse pas seulement les fans de Soprano. On voulait un documentaire qui aille au-delà et on en est venu à cette idée de série-docu, sur Soprano et sur tout ce qu'il y a autour de lui, l’aventure humaine et l'amitié. »

Parce que dans À la vie à la Mort, les tubes de Sopra ne rythment pas vraiment les épisodes. La musique est un élément du décor. « Le propos principal, c'est vraiment comment on a grandi et vécu ensemble pendant 25 ans, avec les hauts et les bas que ça comporte. On voulait faire quelque chose qui dépasse le cadre du documentaire musical et qui prenne une forme plus sociétale, pour mieux mettre en avant les éléments qui nous ont construits. Ceux qui permettent de mieux nous comprendre et de mieux comprendre la carrière de Saïd. Élever ainsi la perception qu'on peut avoir de Soprano. »

Soprano A la vie à la mort
Disney +

La série de Disney + décrit en effet tous ces moments forts qui ont jalonné le parcours de Saïd M'Roumbaba, gamin aux origines comoriennes, passionné de musique et travailleur acharné : « On utilise ma carrière, pour expliquer comment quatre jeunes des quartiers nord de Marseille ont réussi à remplir des stades. Ma carrière, c'est un prétexte en fait, pour raconter ces parcours de vie », poursuit Soprano pour Première. « Après c'est pas la chance qui a fait que ça a marché. C'est la puissance de notre boulot. On y croyait et on beaucoup, beaucoup, beaucoup bossé pour ça. On était au studio à 5 heures du matin. On était minutieux, organisé, passionné. Mais c'est vraiment du travail acharné. Et c'est aussi ce qu'on a voulu montré dans la série. Que le succès n'est pas tombé du ciel ! Il a fallu de résilience et de la détermination pour surmonter tout ça. Le fait qu'on soit plusieurs, ça nous a donné une force collective et c'est une valeur qu'on veut montrer dans la série. »

La fin des années 1980 et le début des années 1990 en toile de fond, le docu raconte aussi une époque. Toujours fourré avec Mateo, Djamali et Mej, du collège aux quartiers, le petit Saïd a vécu avec sa bande de potes « la naissance du rap, la montée du Front National, et aussi le meurtre d'Ibrahim Ali... Tout ça a fait partie de notre paysage, tout ça nous a marqué et ça permet de comprendre comment on s'est construit. Le concept de l'album Cosmopolitani, qu'on a sorti 20 ans après, en 2014, est né de ces moments et de la mort d'Ibrahim notamment. La série permet de montrer que notre musique part ainsi de ces événements qui remontent à loin... »

Soprano A la vie à la mort
Disney +

Qui remontent carrément à Sidney et son émission culte, H.I.P. H.O.P., diffusée entre 1984 et 1985. « Le choc. C'était le choc. Vous ne pouvez pas savoir » s'enthousiasme Soprano en y repensant. « Un noir, le dimanche après-midi, sur TF1... C'était le premier ! Le voir danser sur la tête, avec des vêtements fluos et tout ça. Ca nous a vachement marqué. On se reconnaissait à la télé. Et puis on ne s'en rendait pas compte à l'époque, mais c'était le début du hip hop pour nous, en France. On a pris cette nouvelle culture en pleine figure. Le jour où j'ai rencontré Sidney, pour la première fois en vrai, j'étais à nouveau un enfant ! Je lui ai dit : Tu n'en es peut-être pas conscient, mais c'est grâce à toi que j'en suis là aujourd'hui ! Parce que sans son émission, jamais on ne se serait senti représenté. On n'aurait peut-être jamais eu envie de s'élever vers quelque chose d'aussi énorme. Voir des jeunes des quartiers danser sur la première chaîne, ça a changé beaucoup de choses pour nous et beaucoup d'autres... »

Devenu une vraie star populaire, ancien juré de The Voice et The Voice Kids, Soprano tranche avec l'image du rappeur bad boy. Au point d'être aujourd'hui sur Disney + ! Un validation « mainstream » qu'il assume totalement :

« Benny B, pour les puristes, à l'époque, ce n'était pas du rap, parce qu'il passait à la télé. Il était trop commercial. Mais maintenant, tout ça fait partie intégrante du rap. Les mentalités ont évolué. Les artistes urbains, grâce à Internet, ont pu exprimer leur style, sans être bloqués par la radio, la télé ou autre. Dans le rap, on peut écouter Soprano en famille ou écouter des morceaux plus durs pour les textes, des morceaux plus festifs pour les clubs... C'est magnifique ! Si tu veux écouter du rap, aujourd'hui, il y a de tout et c'est une évolution qu'on a senti, depuis 30 ans. Je pense que Sidney n'aurait jamais imaginé que le rap pourrait un jour être autant ancré dans le culture populaire... »

Une évolution à voir dans le docu-série À la vie à la Mort, en ligne à partir de ce mercredi 15 juin.