Un drama adolescent, politique et mystérieux, incarné par une excellente distribution.
En 1994, Christopher Keyser créait La Vie à Cinq, l'histoire d'une fratrie seule au monde, après la mort subite de leurs parents. Vingt-cinq ans plus tard, le scénariste (qui a depuis travaillé sur Tyrant ou The Last Tycoon) revient à ses premières amours et rejoue la partition des ados livrés à eux-mêmes, avec The Society, un nouveau teen drama Netflix qui sortira demain sur la plateforme.
Une adaptation moderne et lointaine de Sa Majesté des mouches (le livre de William Golding publié en 1954). Pas d'île déserte cette fois, mais une petite ville bourgeoise du Connecticut, où se trouve un lycée bien sous tous rapports. Alors qu'une étrange odeur pestilentielle incommode la population, les élèves s'en vont pour un voyage scolaire de 10 jours, à Washington. Mais au beau milieu de la nuit, le bus semble avoir fait demi-tour. Les étudiants sont ramenés chez eux... où personne ne les attend ! Les parents ont disparu, les frères et soeurs aussi. Il n'y a plus qu'eux. Une centaine de lycéens, qui vont devoir s'organiser pour survivre, et essayer de comprendre ce qui leur est arrivé...
Réalisateur de 500 jours ensemble (et de The Amazing Spider-Man aussi), Marc Webb est aux commandes de ce drama générationnel bien ficelé et parfaitement produit. Il y a quelque chose de The Leftovers (la poésie en moins), dans la manière dont Webb filme ces enfants livrés à eux-mêmes, dévastés et incapables de trouver du sens à la disparition de leurs proches. Quelque chose d'Under the Dome aussi, dans ce grand huis-clos coupé du monde, où la tension grimpe à mesure que les ressources viennent à manquer.
C'est l'expérience sociale dépeinte par The Society qui est surtout passionnante à suivre. Qui va se mettre en avant pour prendre le pouvoir ? Comment mettre en place un système pour assurer un certain équilibre et éviter l'anarchie ? Comment calmer des ados excités qui n'ont plus de comptes à rendre à qui que ce soit ? L'élaboration d'une société cohérente, dans laquelle chacun pourrait trouver sa place, est un thème politique complexe que The Society aborde habilement, sans jamais forcer le trait. Parce que la série s'appuie d'abord sur une galerie de personnages attachants, incarnés par une distribution très efficace : Kathryn Newton (la fille de Big Little Lies), Rachel Keller (la fille de Legion), Kristine Froseth (la fille de Harry Québert) ou encore Sean Berty (le gars de Switched at Birth) ont suffisamment d'atouts pour jouer ces situations hors normes.
Alors même si la série coche quelques cases obligatoires du teen drama, si certains profils (les sportifs, le nerd, la timide...) n'évitent pas quelques clichés et si le déroulement des événements est relativement attendu, The Society recèle pas mal de twists ingénieux et de solides mystères à défricher : mais où sont les ados ? Qui les a conduits ici ? Et pourquoi ? Dans la longue liste des séries YA (Young Adult) de Neflix, de Sabrina à Élite, en passant par The Rain ou The Innocents, ce nouveau drama adolescent se situe sans aucun doute dans la colonne de ceux qui méritent qu'on y passe du temps.
The Society, saison 1 en 10 épisodes - A voir sur Netflix à partir du 10 mai 2019.
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