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Versailles : sur le tournage de la future superproduction Canal

Une superproduction à l’ambition internationale, le pari le plus audacieux de Canal+,Versailles, c’est d’abord une débauche de luxe qui fait tourner toutes les têtes depuis un an. Pas un article qui ne s’extasie devant les « 27 millions d’euros de budget de la série », soit « le double de Dowtown Abbey», ou sur le fait que la chaîne y engloutisse 15 % de la somme qu’elle consacre à la création originale.Portée sans relâche par le producteur Claude Chelli depuis plusieurs années, Versailles, centrée sur un jeune et fougueux Louis XIV qui,en 1661, lance des travaux pour agrandir un pavillon de chasse afin d’en faire le fameux château et contrôler la noblesse de Paris, aurait dû voir le jour dès 2010. À l’époque, Canal+ recrute André et Maria Jacquemetton, deux pointures oeuvrant sur le phénomène Mad Men.Mais le temps de gestation s’étire et les deux showrunners finissent par signer un contrat d’exclusivité avec la Warner. Quatre ans plus tard, le chantier Versailles est terminé et devrait permettre à la France de placer sa production sur la carte mondiale des séries aux côtés de celle des Américains, des Anglais et des Scandinaves. Véritable Concorde audiovisuel, le programme est logiquement devenu un enjeu politique. Quand, après l ’évocation d’une délocalisation des prises de vues à Prague, la série a finalement été filmée en France, la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, venue en visite sur le plateau cet été, s’en est explicitement félicitée. Pas étonnant : depuis son coup d’envoi le 18 août dernier, le tournage a fait travailler une centaine de personnes chaque jour pendant six mois, et pas qu’à Versailles puisque le château de Vauxle- Vicomte et les studios de la SFP à Bry-sur-Marne ont également été sollicités.Bien sûr, la fierté française doit s’accommoder d’un certain nombre de principes anglo-saxons désormais mondialisés – les showrunners sont les rois du plateau et sont anglais. Simon Mirren, à qui on doit Esprits criminels, est passionné par la psychologie des esprits dérangés, tandis que David Wolstencroft, qui a pris le Roi-Soleil comme sujet d’étude à Cambridge, est l’auteur de MI-5. La production, elle, est internationale, mélange d’aides à la française via les crédits d’impôts, de financement par les chaînes (Canal+ lâche 10 millions) et de contributions amenées par des producteurs extérieurs (dont le Canadien Incendo, qui a délocalisé le mixage sur ses terres pour des raisons fiscales). « Notre ambition pour la série nécessitait des moyens très importants qu’on n’aurait pas pu avoir en partant sur une production franco-française, indique Fabrice de la Patellière, directeur de la fiction de Canal+. On double le budget d’une série quand on passe en coproduction internationale. Et puis on avait envie de l’écriture très contemporaine des shows anglo-saxons. »