Clément Marty alias Bartabas est le centaure des temps modernes. Bartabas est dresseur de chevaux, chorégraphe, metteur en scène de spectacles équestres, réalisateur et cavalier.Le cavalier, qui sommeille en lui, se manifeste dès l’enfance. Bartabas n’aime pas l’école. Les cours l’ennuient profondément. Il est autodidacte et se cultive ailleurs dans ses lectures de Lautréamont, Kafka, dans les films de Buster Keaton ou dans la peinture de Velázquez, et surtout dans ses voyages et les rencontres qu'il y fait.C’est également sur l’hippodrome qu’il vit intensément. Malheureusement, Bartabas grandit vite, trop vite pour devenir jockey et pour ne rien arranger, il est victime d’un accident de mobylette. Bartabas obtient son baccalauréat et abandonne sa famille, à son goût trop bourgeoise, pour emprunter une vie de nomade. Bartabas mène alors une vie à la limite de la marginalité et joue d’abord dans des troupes ambulantes dont le Cirque Aligre. Pour communiquer avec ses amis, il invente même une langue le skovatch et se fait appeler Bartabas le Furieux , avec ses compagnons, Igor le Magnifique ou Branlotin la Désespérance. Il semble tout droit sorti d’une des aventures de Mangeclous d’Albert Cohen. En 1977, lui vient une idée géniale sur les routes d'Andalousie créer un théâtre équestre qu’il baptise le Zingaro, tzigane en espagnol, et nom d’un cheval noir, un frison, né en Belgique, fétiche de la troupe. Avec une imagination débordante, une folie créatrice à l’instar de son idole, Federico Fellini, il crée un monde à part.Le théâtre équestre musical répondant au nom de Zingaro est né et présente des spectacles indescriptibles où se mêlent la poésie, la musique, le mysticisme, la peinture et les chevaux. Influencé par Antonin Artaud, les premières créations de Bartabas sont empreintes d’une violence romanesque parfaitement inclassable. Zingaro n’est ni du cirque, ni une mise en scène pour amateurs d’équitation, elle est Bartabas lui-même, l’œuvre d’une vie, d’une âme mise à nue puisque mise en scène sous les yeux d’un public ébahi.En 1989, le théâtre Zingaro s'installe dans le fort d'Aubervilliers, sur proposition du maire de la ville. Bartabas a, à son actif, une dizaine de spectacles avec à chaque fois, un succès à la clef. Le triptyque Cabaret équestre, Chimère, Éclipse ou encore Lougta, les chevaux du vent, chaque évènement se solde par un triomphe. Le public en redemande en France mais aussi dans le monde entier. Depuis 2002, il gère bénévolement l'Académie du Spectacle Equestre, dans les Grandes Ecuries du château de Versailles. L’objectif que se fixe Bartabas n’est pas seulement de revaloriser la discipline équestre mais de la réinventer. Le lieu fournit un encadrement pédagogique à la troupe. Quinze élèves par promotion, âgés de dix-huit à vingt-six ans de toutes nationalités, forment une troupe et, au-delà de l’apprentissage technique, font un vrai choix de vie, comme on décide d’entrer en religion ou en politique. Composée presque exclusivement de femmes, la troupe reçoit une formation polyvalente, avec des cours de danse, d’escrime, de dessin et d’équitation. L’académie présente ses spectacles dans le cadre des Grandioses Fêtes de nuit . Bartabas a révolutionné un art séculier, l’art équestre trop longtemps réservé aux défilés militaires. Mais il a surtout inventé une nouvelle forme théâtrale où la prise de risque intellectuelle, et pas seulement acrobatique, est constante. Surnommé aujourd’hui le seigneur des chevaux, il a, en effet, apporté une grande part d’onirisme voire de philosophie dans ses spectacles. A chaque évènement, le public vit une expérience magique. Sa passion pour les chevaux est transmise par tous les canaux artistiques. Il a ainsi réalisé deux films Mazeppa (1993), la vie du peintre Géricault et du maître équestre Antonio Franconi, et Chamane (1996), la longue traversée de la taïga d'un échappé du goulag.
