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Sans doute le charme de ce film indépendant US vient du fait qu’on n’en voit plus beaucoup du même acabit. Mais celui- ci opère dès la scène d’ouverture pour ne plus vous lâcher. Dès qu’apparaît son personnage central, Ben, chanteur de synagogue qui a perdu sa foi et…. sa voix après la mort de sa femme, dont il conserve scrupuleusement dans son téléphone les 762 messages vocaux qu’elle lui avait laissés au fil de leur vie commune. Ben incapable de ré- aimer comme de rechanter au cœur d’un environnement qu’on va vite découvrir très éloigné de la famille juive traditionnelle et stricte. Entre sa mère remariée à une femme d’origine philippine et un rabbin très arrangeant côté obligations religieuses dès lors qu’il a à faire à des généreuses donatrices et qui rêve de lui caser sa propre fille. Et dans ce chaos irrésistible de drôlerie mélancolique qu’est la vie de Ben, surgit un élément qui va rajouter un zeste bien acidulé d’excentricité : sa prof de musique de ses années collège qu’il recroise fortuitement et qui lui demande de l’aider à faire sa bat- mitzvah. La comédie dépressive dopée à un humour juif manié avec maestria prend alors, au fil du rapprochement inattendu entre ces deux solitudes, des airs du Harold et Maud d’Al Ashby. Un sentiment renforcé par une esthétique très 70’s, fruit d’un tournage en pellicule 16 mm et qui symbolise l’ADN d’un film, au fond rétif à être rangé dans une case. Le fidèle complice de Wes Anderson, Jason Schwartzman et l’iconique héroïne de Terreur sur la ligne, Carole Kane, y trouvent deux des plus beaux rôles de leurs carrières.