Première
par François Rieux
Viré d'un club prestigieux, un entraîneur de basket borderline se retrouve à la tête d'une équipe amateur remplie de bras cassés. Pire pour ce coach irascible, celle-ci est composée de joueurs handicapés et il doit les préparer en un temps record pour un championnat. Vous la voyez venir, cette histoire casse-gueule au goût de déjà-vu ? Et bien non, Javier Fesser désamorce tous les clichés attendus dans ce feel good movie très efficace, grâce à son autodérision mordante et un humour cash servis par des dialogues hilarants. Ni tire-larme, ni moralisateur, le film puise sa force émotionnelle dans son casting épatant : d'un côté Javier Gutiérrez, sosie espagnol de Michael Keaton, et de l'autre des acteurs semi-professionels voire totalement amateurs, tous atteints d'un handicap. L'alchimie va souder les deux camps, chacun tirant profit de l'expérience de l'autre, pour abattre la barrière des préjugés et aller dans une seule et même direction. La sincérité de ces acteurs d'un jour, ou plutôt d'un film, leur permet de sublimer leurs difficultés à travers le prisme cathartique de la caméra. En pointant du doigt les discriminations, Champions s'attaque frontalement à un sujet quasi-tabou et trop rarement traité à l'écran : la place de ces personnes mises à la marge d'une société trop normée. Mais au final, qu'est ce que la normalité, si ce n'est une bande de potes aux allures de famille de substitution qui se démène pour arracher la victoire avec des étoiles dans les yeux ?