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Dans un avenir proche, des condamnés à mort sont rassemblés dans un vaisseau, partis dans un voyage sans retour : aborder les trous noirs pour permettre d'exploiter leur énergie. Mais les tensions -sexuelles et sanglantes- vont éclater. De la même façon que les prisonniers flirtent avec la mort, High Life frôle forcément l'horizon du nanar spatial avec décors en carton-pâte et ciel étoilé de studio. Mais l'astre le plus pesant du film, qui exerce sur lui la gravité la plus forte, est la personnalité de Claire Denis : le vaisseau-prison de High Life finit par prendre les dimensions de l'appartement haussmanien des Salauds où l'on baise et l'on se saigne par ennui, par vague-à-l'âme, parce que c'est sans doute dans la nature humaine. L'ouverture du film, où Robert Pattinson s'occupe de son bébé autour d'un jardin artificiel, est d'une légère simplicité, est sans doute la plus passionnante ; malheureusement la suite est beaucoup plus conventionnelle, prévisible, et, malheureusement, ronflante. On y découvre comment l'équipage se massacre autour d'une doctoresse manipulatrice, nymphomane et obsédée par l'idée de faire pousser des bébés dans l'espace (Juliette Binoche, surnommée dans le dialogue la « chamane du sperme », fait plonger le film lors d'une séance de masturbation hallucinatoire). On se dit que finalement, ce n’était pas la peine de partir si loin pour essayer de transformer notre suicide collectif en une grande partouze finale : ça pouvait tout aussi bien se passer sur notre bonne vieille Terre.