L'envol

Fable initiatique destinée au jeune public, L’Envol affiche un certain classicisme dans sa forme et une routine manifeste dans le développement de son intrigue. S’inscrivant dans la droite ligne des précédentes oeuvres tournées dans ce pays comme L’Histoire du chameau qui pleure (2004) ou Mongolian Ping- Pong (2006) – à ceci près qu’il est signé d’un réalisateur suédois –, ce film dégage cependant un charme indéniable. La splendeur des paysages y est pour beaucoup. Mais elle ne serait rien sans l’irruption inopinée de silhouettes à cheval, sans les explosions de couleurs vives au revers d’un chapeau ou le sourire conquis d’un enfant qui vient de se faire une amie.

La fugue de Bazarbai, qui dure plusieurs semaines, nous fait traverser des paysages somptueux, et le passage en ville réserve bon nombre de mauvaises rencontres. Le petit homme se retrouve dresseur dans un cirque, manque de mourir de froid ou dévoré par les loups, trouve refuge dans un monastère bouddhiste - comme dans Tintin au Tibet, auquel on pense plus d'une fois. Il est vif, sauvage et attachant, à l'image de son aigle royal.

Réalisé par un documentariste d'origine danoise et spécialisé dans le documentaire humanitaire, L'Envol a tout du film formaté pour la chaîne National Geographic.

La fiction tient à peine debout, elle est ponctuée par la répétition d'une même succession de plans montrant les yeux de l'aigle puis son envol en caméra subjective. Les raccords, en outre, sont fréquemment passés par pertes et profits (le gamin traverse une rivière à cheval en se mouillant jusqu'à la taille pour ressortir, de l'autre côté, tout sec...).

Tout cela est mis au service d'un récit réactionnaire, sous-tendu par une fascination paternaliste pour les peuples primitifs, et l'idée que la ville corrompt les âmes pures de leurs représentants.