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En matière de paranoïa domestique, Roman Polanski a tué le game il y a bien longtemps avec Repulsion (1965) ou Rosemary’s Baby (1968) faisant de la claustration l’enjeu même d’une réflexion sur la mise en scène. On ne va évidemment pas s’amuser à juger les films à l’aune de ces écrasantes références. Pour autant cette Damnée joue sur une note tellement entendue et attendue qu’on scrute la façon dont un jeune cinéaste peut se réapproprier ces figures. Malheureusement Abel Danan bute sur l’objet même de ses intentions : filmer une jeune femme prise au piège de ses angoisses. Celle-ci vit recluse dans son petit meublé parisien (le dehors l’effraie) persuadée qu’une présence maléfique lui veut du mal. Le dedans soudain menaçant oppresse. Ceci posé, le film étire jusqu’à plus soif ce point de départ, épuise très vite les possibilités de tension et se retrouve condamné à se répéter. L’héroïne est fatiguée. Nous aussi.