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Actrice au jeu fantaisiste et à la filmographie variée, Laetitia Dosch s’est aussi illustrée dans un spectacle vivant (HATE) où elle partageait la scène avec un cheval. C’est donc en toute cohérence que son premier film comme réalisatrice explore de façon très personnelle et inspirée la condition animale. Le récit prend ainsi place en Suisse, à Lausanne, où l’avocate Avril (incarnée par Laetitia Dosch elle- même) est tellement habituée aux causes perdues qu’elle accepte la proposition faite par un client malvoyant de défendre lors d’un procès son chien, soupçonné d’avoir mordu une femme et d’être coupable de misogynie. La force de cette fable judiciaire en apparence décalée - mais pourtant inspirée d’un fait divers réel - tient au sérieux avec lequel le comportement social du chien est décortiqué tandis qu’une truculente galerie humaine donne à voir des individus chacun à leur manière traumatisés, incompris ou délaissés par la société. Constitué de François Damiens, Anne Dorval, Jean-Pascal Zadi ou Pierre Deladonchamps, le casting s’amuse à camper joyeusement cette brochette de personnages hauts en couleurs qui dresse un pont entre condition humaine et condition animale. La cinéaste réussit par là une œuvre autant attachante que déroutante qui nous rappelle que l’humanité gagnerait à envisager les animaux comme des personnes à part entière et non comme des objets à asservir, histoire que les nombreuses crises planétaires soient à l’avenir appréhendées avec davantage de sérénité et d’harmonie.