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Moins hollywoodien que Walk the Line (2006) et moins barré que I’m Not There (2007), Les Runaways pourrait se résumer à un biopic musical bien foutu mais, in fine, anecdotique. Ce serait une erreur de le penser, la même que celle que l’on pourrait commettre en se hasardant à écouter les albums du groupe. Le film porte en lui cette rage adolescente qui fit de Joan Jett et Cherrie Curie des pionnières et des légendes. Porté par la photo de Benoît Debie, le long métrage reconstitue sur le vif le L.A. des seventies comme si on y était. On ressent l’émulation artistique comme on comprend l’amertume d’être reléguées au rang de poupées. Même si elle ressemble parfois à un plan de carrière pour casser une image trop proprette, l’attitude trash de Kristen Stewart et de l’ex-baby star Dakota Fanning se lit, dans le récit, comme une revendication féministe pour obtenir les mêmes droits à l’alcool, aux drogues et aux montées d’hormones que les garçons. Bien plus qu’une hagiographie un peu niaise, Les Runanaways réussit à transmettre, au travers de cette révolte, l’essence du rock.
Toutes les critiques de Les Runaways
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Les Runaways. Sexe, drogue et rock'n'roll. Pas un biopic, mais la trajectoire, cramée et aveuglante comme une queue de comète, de deux pétroleuses dont on ne sait rien, si ce n'est qu'elles sont consumées par le rock et qu'elles envoient sévère. Kristen Stewart et Dakota Fanning y sont incandescentes. Ces filles-là, mon vieux, elles sont terribles.
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Kristen Stewart et Dakota Fanning se révèlent tout aussi convaincantes dans la peau de Joan et Cherrie, en particulier dans la fureur qu'elles mettent à jouer. Venue du clip, la réalisatrice révèle d'ailleurs tout son talent dans les séquences live, électriques à souhait !
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Ce gentil film est peut-être trop propret vu l'époque. C'est là qu'on regrette le choix de Kristen Stewart. Le politiquement correct veille au grain ainsi que la secte Twilight.
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Pris au jeu du plaisir vintage à régénérer ses idoles, le film s'élabore en sensualité, sublimant corps, fringues, objets, lieux et icônes en souvenirs ; soit un regard sur la superficialité du rock prise comme une essence à traiter de front. Lancé à son acmé dans un montage ivre emportant Jett et Currie vers une belle scène d'amour au son des Stooges, il n'oublie pas aussi la provocation, mais sans la réactiver, en juger ou se plier à la nostalgie. Sigismondi préfère l'apprentissage de ses héroïnes, filmées tel un binôme de désirs et pulsions clivés à un besoin primaire d'émancipation où le fétichisme est omniprésent - laissant à Fowley les observations sur le milieu, la part maudite où tout est fabriqué et stratégique. Côté filles, le film ne joue toutefois pas à égalité. Adapté des mémoires de Currie, celle-ci prend l'ascendant sur Jett, dont on n'apprend pas grand-chose sinon son obstination à faire du rock. Les Runaways ressemble donc davantage à un simili biopic de l'ex-chanteuse. Avec elle, ressurgissent les mauvais penchants du genre : déterminisme social, figure romantique de l'artiste, poids de la famille et d'un père alcoolique avec lequel Currie se confond quand son groupe prône l'affranchissement. Mais si le film perd alors en force, il gagne en casting : Dakota Fanning en Cherie Currie éclipse intégralement Kristen Stewart en Joan Jett. Divine, sexy, fragile, vaporeuse, impénétrable, l'actrice fascine et porte le film avec une grâce étourdissante.
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Floria Sigismondi, réalisatrice de clips, a eu la bonne idée de raconter de façon non chronologique l'ascension de ces graines de stars, esquissant un portrait impressionniste et sans frein d'une époque. Produit par Joan Jett elle-même, le film permet de mesurer le talent de Kristen Stewart, loin de son image lisse véhiculée par la saga Twilight. Le mimétisme entre la comédienne de 20 ans et la rockeuse est impressionnant.
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Floria Sigismondi, auteur des clips de Marilyn Manson entre autres, montre l’ascension puis la dissolution des Runaways prises dans l’étau de l’idolâtrie, de la provoc et de la dope. Ultraprévisible, le film, virée spleen de filles trop jeunes, a le mérite de montrer les spectres de l’autodestruction et de l’exploitation. Entre roue libre et fulgurances, "les Runaways", au moins, frappe juste sur l’adolescence.
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Portés par les interprétations de Dakota Fanning (Cherie) et de Kristen Stewart (Joan), Les Runaways chroniquent, avec tendresse, une aventure éphémère, grisante et destructrice. Le tout est simple et énergique.
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Ce biopic vitaminé déménage dans un Los Angeles ivre de musique, de sexe et de drogues.
Kristen Stewart et Dakota Fanning, transfuges de la saga Twilight, s'encanaillent en devenant Joan Jett et Cherie Currie, deux rebelles tentant de s'imposer dans un milieu très masculin. Ces « baby rockeuses » ont la beauté du diable magnifiée par une photo signée Benoît Debie, le chef opérateur de Gaspar Noé. Les bombes ne se laissent pas démonter par leur manager hystérique campé par un Michael Shannon dopé aux acides. Si on adhère à fond les amplis, c'est parce que le film et ses interprètes font voyager dans le temps. Tout ce monde croque son rôle à belles dents au rythme d'une bande-son d'enfer qu'on a envie d'écouter en boucle en chantant à tue-tête. -
Le film raconte la naissance du phénomène et l’apprentissage sulfureux de quatre gamines gonflées dans l’univers machiste du rock américain.
Il restitue parfaitement le côté poisseux et sauvage des premières tournées. Kristen Stewart et Dakota Fanning, guitares et micro en main, forment un tandem rebelle plus authentique que nature. Un pur moment de rock’n’roll. -
Joan Jett et Cherie Currie avaient à peine plus de quinze ans lorsqu'elles ont remis leur destin de rockeuses entre les mains d'un escroc magnifique du rock, Kim Fowley (Michael Shannon). L'immortel interprète de They're Coming To Take Me Away fit d'elles des rock stars tout en les ruinant.
Les jeunes actrices font leur travail, mais la réalistrice ne prête pas une grande attention aux douleurs adolescentes de petites banlieusardes précipitées dans le show-business. Elle privilégie les sensations, l'euphorie du moment, les vertiges qui saisissent au sommet de la courbe.
On s'aperçoit comme ça que la musique des Runaways a bien vieilli, que leur jeu dangereux avec la sexualité de très jeunes filles a gardé tout son pouvoir de subversion.
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(...) une suite de chromos pas désagréables mais trop sages pour rivaliser avec les débordements d'un groupe qui entendait mettre en musique non seulement la libération de la femme, mais aussi sa libido.
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Un cocktail euphorisant classique à base de rock'n'roll attitudes !
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La réalisatrice Floria Sigismondi s’arrête à la séparation des nymphettes délurées et au début de la gloire montante de Joan Jett. En gros, quelque-chose comme cinq à sept ans parcourus en 1h45 de métrage. C’est plutôt exaltant, mais un peu trop propret pour vraiment calquer la réalité de la scène rock de l’époque. La cinéaste, connue notamment pour une carrière de clippeuse (Bowie, Sigur Ros, Cure, Marilyn Manson, les White Stripes, Björk...) affirme une démarche esthétique louable, avec une variété de plans qui donnent de l’allure à son film, mais tout cela manque de tempérament pour sonder les vertiges de la célébrité, les plaisirs artificiels de la défonce et les tourments existentiels d’ados en manque de repères stables.
On ne dira pas que la passion pour le rock n’y est pas palpable, la B.O regorge de références contemporaines à l’intrigue pour nous en mettre plein les oreilles. En tout cas, elle ne donne pas suffisamment de corps au métrage pour nous immerger totalement dans cette fin de décennie de génie. D’ailleurs dans les deux rôles principaux, Kristen Stewart de Twilight et Dakota Fanning assurent toutes les deux, mais encore une fois sans être possédées par leur mythique personnage.
Bref, Les Runaways, production toute policée, se savoure comme le best-of délavé d’une époque, sans la surprise et l’extase de la découverte, mais également sans les anicroches artistiques rédhibitoires qui auraient pu transformer nos petites réserves en total désaveu pour un travail qui demeure estimable et parfaitement regardable.