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Tsai Ming-liang creuse le sillon de ses précédents films, ajoutant une pointe de désespoir à ce portrait d’une famille décomposée qui hante Taipei. Comme d’habitude, l’élément liquide prédomine. Alors que La Saveur de la pastèque ruisselait de sperme, cette fois l’écran est inondé de larmes. Celles des adultes qui, après avoir presque tout perdu, se consolent avec ce qui leur reste : la garde de leurs enfants et une certaine sérénité face à l’inutile agitation du monde. Les objets pleurent aussi, telle cette maison maculée de coulures, peut-être d’avoir assisté à trop de ruptures. Sans oublier le ciel, puisqu’il pleut jour et nuit sur la ville. Comme toujours, les plans sont délibérément composés et rythmés. Lee Kang-shen, l’interprète fétiche du cinéaste, qui a pris du poids, surprend encore, comme lorsqu’il se met à dévorer un chou tout cru. Ce film n’est pas pour tout le monde, mais les habitués se régaleront.
Toutes les critiques de Les chiens errants
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Tsai Ming-liang trouve ici le point limite, l’au-delà de son cinéma, événement rare auquel de mémoire récente on ne peut que comparer "Inland Empire" de David Lynch. Mais là où le cinéaste américain s’engouffrait dans son empire intérieur, Tsai s’ouvre au monde.
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Les chiens errants est une fable âpre sur la misère contemporaine, poussée aux limites du formalisme par son maître d’oeuvre Tsai Ming-Liang.
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Les chiens errants ressemble à un film de fin du monde où la flamme menace de s'éteindre, passant au gré de longs plans-séquences (et pourtant imperceptiblement) de l'apocalypse à la post-apocalypse, du vérisme au fantastique. (...) Une croyance aveugle pour surmonter une réalité insupportable, réduite à une succession d'épreuves inhumaines. S'ils perdent leurs illusions, les personnages meurent. Ainsi, même lorsque tout s'écroule, Tsai Ming Liang a l'élégance de les étreindre d'amour, de les mettre dans la lumière pour qu'ils ne s'éteignent pas.
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L’intrigue s’efface au profit de toutes les dimensions créatives d’un artiste qui revient aux motifs et ne se répète jamais. Un film immense.
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Son dernier opus, "Les chiens errants", est ce qu'on peut appeler un film radical, mais il s'agit surtout d'une oeuvre sublime (...).
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Si Tsai Ming-liang semble pour le moins désabusé, il n’en est pas moins traversé par une rage et une puissance retrouvée qui font des Chiens errants son plus beau film depuis longtemps.
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Un nouveau film tendu et radical et une rétrospective à la cinémathèque française : le beau retour d’un auteur phare des années 90.
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"les Chiens errants" se compose d’un assemblage de matériaux bruts qui forment l’absolu du cinéma : des plans, des lumières, des sons, des corps. A quoi s’ajoute naturellement cet élément dont Tsai Ming-liang est peut-être le plus grand maître contemporain : le temps.
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Alors bien sûr, le nouveau film de Tsai Ming-liang n’est pas un objet facile à voir ou même à apprécier, tant il nous enferme dans la propre psyché du démiurge et de son monde aussi sombre qu’un diamant noir. Mais la proposition de cinéma est forte, belle et surtout unique.
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Les longs plans-séquences qui ponctuent cette oeuvre inattendue ont besoin de votre accord pour exister. Mais une fois la chose faite, le film, (...) se transforme lentement en un très déroutant voyage et ces deux heures dix-huit minutes vous feront partager un autre rythme dans un autre monde.
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La vie d'un nécessiteux, qui gagne péniblement sa vie comme homme-sandwich et squatte avec ses deux enfants un appartement désaffecté. Une forme de dignité étrange persiste dans ce monde de précarité absolue, languide mais aussi un peu loufoque, rendu beau par le regard éminemment poétique de Tsai Ming-liang.
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‘Les Chiens errants’ s’affirme comme une œuvre exigeante et hors norme. Qui en agacera beaucoup, mais bouleversera certainement les autres.
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Tsai Ming-liang livre ici des plans très contemplatifs et composés, parfois d’une fixité exaspérante. Mais, il signe un film ambitieux, étiré, plastique, surtout désolé, car habité par la tristesse infinie d’une
humanité ensevelie de larmes, d’injustices. Une oeuvre lyrique, trop radicale et troublante pour plaire à tout le monde, mais qui saura ensorceler cinéphiles et initiés. -
Le réalisateur Tsai Ming Liang (...) use et abuse de plans fixes interminables (...). Des moments de grâce surnagent.
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Sublime et ennuyeux, "Les Chiens errants" joue d’une esthétique de la fange pour interroger le regard du regardant au regardé. Un tel détournement formel d’un contexte social si éprouvé, au coeur du film, n’est pas dérangeant, mais presque gênant.
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Tsai Ming-liang livre un film âpre, lent, et profondément mélancolique. “Les Chiens errants” flirte souvent avec l'ennui, même si, parfois, affleure une émotion brute assez troublante.
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On peut être fasciné ou exaspéré (...) Mais pas indifférent.
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Avec ce dixième film, le taïwanais Tsai Ming-liang plonge dans la noirceur. Ici, plus de numéros musicaux. Lenteur, sobriété, rage, mais aussi poésie, et talent cinématographique à l’état pur, qui se manifeste par moments… Avis aux amateurs. Qui pourront goûter, après une heure et trente-cinq minutes difficiles, car pas assez viscérales, quarante minutes d’une atroce beauté.
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Tsai Ming-liang serait-il devenu un cinéaste maniéré, qui n'a plus grand-chose à exprimer et se contenterait de filmage avec des plans superbes mais relevant plus d'installations plastiques pour un musée que de formes dramaturgiques ?
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Avec l'errance d'une femme et ses deux enfants dans Tapei, Tsai Ming-liang pousse très - trop - loin le bouchon de la radicalité.
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Où est passé le geste poétique, burlesque, iconoclaste du réalisateur de "la Saveur de la pastèque" dans cette succession de tableaux figés et interminables dont on comprend au bout de 2 heures 20 d’ennui abyssal qu’ils mettent en scène la survie d’une famille en marge de la société à Taipei ?