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À 66 ans, affi chant une santé artistique à faire pâlir de jalousie ses anciens collègues du Nouvel Hollywood, Steven Spielberg semble plus déterminé que jamais à faire fructifier l’héritage de son vieux maître John Ford. Après Cheval de guerre, qui convoquait le souvenir du Technicolor dans les tranchées de la guerre de 14, ce Lincoln longtemps fantasmé reprend les choses là où les avait laissées le génial Vers sa destinée (Young Mr. Lincoln, réalisé en 1939). De la même façon que Ford racontait la jeunesse d’Abraham Lincoln par le biais d'un film de procès, Spielberg envisage le crépuscule du grand homme sous l’angle d’un suspense parlementaire constellé de joutes verbales affûtées et de monologues qui font se dresser les poils sur les bras. Certains redoutaient le biopic solennel, mais le film s’impose en fait comme une fascinante réflexion sur la loi, le langage et l’humanisme, propulsée par les intuitions formelles sidérantes du cinéaste et le script ultradynamique de Tony Kushner. La réussite du projet tient à la distance idéale que ses auteurs sont parvenus à maintenir avec leur sujet. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à observer la façon dont Daniel Day-Lewis (absolument prodigieux) s’empare de tous les clichés patrimoniaux qui s’attachent à la figure d’Honest Abe pour mieux les réinventer un à un sous nos yeux. Lincoln n’est pas une hagiographie mais le portrait d’un génie serein qui sut traduire ses idées visionnaires dans une langue universelle. Ce qui, l’un dans l’autre, est également une assez bonne définition de Spielberg lui-même.
Toutes les critiques de Lincoln
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Tout simplement un des films les plus remarquables de Spielberg. La manière dont il comble nos attentes, les transcende et les ignore le rend hors du commun.
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« Lincoln » peint un portrait puissant et irrésistible d’un homme qui est devenu une icône. Nous n’avons pas besoin d’en voir plus sur sa vie pour comprendre à quel point il était exceptionnel, ce parfait aperçu est plus que suffisant.
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Dans cette magistrale leçon d’histoire, le réalisateur opte pour une gravité respectueuse et veut avant tout faire entendre les mots. Il leur offre un cadre d’une grande beauté : il joue sur les ombres et les lumières, du coup chaque scène ressemble à un tableau de maître. Comme à son habitude, Daniel Day-Lewis ne joue pas le personnage, il est l’incarnation de Lincoln, physiquement fragile, avec sa silhouette dégingandée, mais doté d’une force morale et d’un humour à toute épreuve. Un grand film sur un grand homme.
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« Lincoln » nous démontre ici ce que la magie peut faire lorsqu’un acteur tombe amoureux de son personnage. Même si Day Lewis est un grand acteur, il n’a jamais été aussi épris d’un rôle.
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Le film met en avant de manière captivante le terrible dilemme auquel le président a été confronté les derniers mois de sa vie : comment résoudre le conflit, unifier le pays et abolir l’esclavage définitivement.
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Comme toujours avec Spielberg c'est l'humain qui domine, même s'il traite les enjeux politiques et les passionnants dilemmes moraux de Lincoln. A travers la composition puissante et nuancée de Daniel Day-Lewis, on salue toute la distribution. Les acteurs sont la force de ce film, événement majeur de ce début d'année.
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Cet extraordinaire combat politique est filmé avec maestria par un Spielberg qui place sa caméra à l’intérieur de la Maison-Blanche ainsi qu’à la Chambre des représentants. Le drame se joue avant tout dans des dialogues d’une réelle humanité et d’une distribution haut de gamme. Outre Daniel Day-Lewis, Sally Field et Tommy Lee Jones sont épatants. C’est à la fois très intelligent, très fort, très émouvant. Et plein de résonances avec l’actualité d’aujourd’hui.
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« Lincoln » nous rappelle que la politique a parfois été noble. Certains devraient aller voir le film et en tirer des leçons.
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Des joutes verbales avec un vrai suspense, et de passionnants monologues, longs comme la silhouette de Daniel Day-Lewis, et qui résonnent longtemps après la fin du film.
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Un portrait sur les dessous de la politique, mais un portrait passionnant, intéressant et divertissant.
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Spielberg, on le sait, aime les défis. Il en relève un nouveau en donnant une allure de suspense à une entreprise politique, certes exceptionnelle, mais qui n'a rien a priori de très spectaculaire. Négociations, marchandages, jeux d'influence, agitation des lobbys, pressions… Le film plonge au coeur de la mêlée, brasse puissamment les scènes de guerre et l'effervescence politique, parfois louche, jusqu'au morceau de bravoure du vote du 13e amendement à la Chambre des représentants. Il y a du mouvement, de la discussion, des figures hautes en couleur.
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Plus qu’un brillant biopic, un splendide autoportrait du conteur exalté qu’a toujours été Steven Spielberg. Indispensable.
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Cet extraordinaire combat politique est filmé avec maestria par Spielberg (...) C'est à la fois émouvant, très intelligent, très fort. Et plein de résonance avec l'actualité d'aujourd'hui.
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En s'élevant à l'échelle de l'histoire, le film réussit à donner la mesure de Lincoln au-delà de son époque. Comme dans ce plan où il apparaît sur son lit de mort : une composition qui semble surgie de la peinture classique et destinée à impressionner à jamais. Dans ce retentissement que Spielberg donne au destin de Lincoln, une belle volonté pédagogique s'exprime. A l'image de cette scène où le républicain Thaddeus Stevens (étonnant Tommy Lee Jones) donne à sa compagne noire le texte du 13e amendement. Elle le lit alors à voix haute, dans l'intimité de leur chambre. Comme une lettre d'amour.
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Abraham Lincoln était un oracle, désormais, à travers le portrait de Steven Spielberg, il devient un homme.
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Abraham Lincoln vu par Steven Spielberg et Daniel Day-Lewis ! Les enjeux sont parfaitement énormes, et le poids de l’histoire pèse sur cette vision intelligente, ainsi que très politique, du grand homme, quoique peu adaptée au style de réalisation du cinéaste.
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Steven Spielberg signe un magistral hommage au 16e président des États-Unis qu’il admire tant. Sa mise en scène est éblouissante, solennelle mais bannit toute emphase hollywoodienne. Dans le rôle-titre, Daniel Day-Lewis, salué par le Golden Globe d’interprétation, livre une nouvelle performance magistrale.
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Ce n'est pas à un grand spectacle en plein air que nous convie Steven Spielberg, mais à des attractions de couloir, des intrigues de palais, des renversements d'alliances, une leçon de politique décomplexée. (...) Dans la redingote du 16ème président des Etat-Unis, Daniel Day Lewis est prodigieux.
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Porté, autour de Daniel Day-Lewis, par une remarquable galerie d'acteurs (Tommy Lee Jones en chef de file républicain animé par le combat sur l'égalité raciale, David Strathairn en William Seward, ex-rival et bras droit du président, Sally Field en épouse déchirée par la peur de perdre son fils aîné), le film parvient à rendre passionnants les débats tacticiens et les arguties juridiques jusqu'à avoir, par instants, des allures de thriller politique. Tandis qu'émerge peu à peu la figure d'un Lincoln méconnu : charismatique, tortueux et brillant, tour à tour statue du commandeur et animal politique retors.
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Steven Spielberg, fuyant le biopic conventionnel et l'hagiographie pompeuse, réussit avec "Lincoln" une fresque intimiste d'une force extraordinaire, d'une intelligence saisissante.
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Spielberg parvient à faire une aventure d’un évènement procédural avec une facilité apparente déconcertante. Un film exceptionnel dont la résonance actuelle ne le rend que meilleur.
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Cette fresque rend un hommage vibrant à ce président imposant.
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Steven Spielberg réalise un film pour la mémoire de son pays, un huis clos cinématographique dans lequel les mots (et leur pouvoir) et la conviction d’un homme priment sur l’action. C’est bien la loi abolitionniste qui intéresse le réalisateur d’« Amistad » et de « Il faut sauver le soldat Ryan ». Spielberg filme une véritable force tranquille, la force d’un destin. Une façon aussi pour lui de saluer le 44e locataire du 1 600 Pennsylvania Avenue à Washington DC, le président Obama.
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Une fresque intime filmée, évoquée avec une maestria qui donne le vertige et un véritable respect d’une Histoire jamais écrasante, toujours passionnante. Une gageure que seul Spielberg pouvait mener à bien.
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Un cours d'histoire magistrale et une formidable leçon de cinéma, avec un Daniel Day-Lewis qui n'aura pas volé l'oscar qu'on lui prédit.
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Spielberg est au meilleur de sa forme, réinventant mille fois la façon de mettre en scène une parole qui coule à flots sans jamais être ennuyeuse.
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Si Spielberg n’évite pas une certaine grandiloquence dans sa représentation de Lincoln, laissant notamment libre cours à Daniel Day-Lewis dans un exercice de sosie un peu étouffant, le film assume crânement et sans fausse pudeur sa part de naïveté et d’utopie. Quant à la coïncidence qui veut que Spielberg et Tarantino sortent, l’un et l’autre et presqu’en même temps, un film centré sur la question de l’esclavage, il est difficile de ne pas y voir un symptôme embarrassant de l’Amérique contemporaine.
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Impossible d'être largué devant la leçon de civisme et de politique de tonton Steven. (...) il se montre toujours aussi didactique que possible, quitte à râbacher le modus opérandi pour faire adopter un loi (...) Pédagogique certes, mais un poil rébarbatif.
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La mise en scène de Spielberg, habile et intelligente jusque dans la séquence finale du meurtre du président, opte pour le huis clos d’un récit très théâtral. On est aux antipodes de Tarantino, avec du cinéma qui s’habille de la solennité de son sujet.
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Une épopée racontée à hauteur d'homme. Daniel Day-Lewis est une fois fois encore remarquable dans les tourments de ce grand homme.
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Une interprétation riche et détaillée sur la partie invisible de la politique et les compromis qu’ont du faire Lincoln et ses alliés pour abolir définitivement l’esclavage.
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La réalisation est contemplative, discrète et parfois austère. Une ambiance que Spielberg n’avait jamais encore réalisée.
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L’esclavage est mis en accusation et le parlement est un prétoire où les députés font leur numéro, entre insultes, envolées lyriques et coups de bluff – mention spéciale à Tommy Lee Jones en radical à perruques. Le verbe est le sang de la politique, l’arme du pouvoir, et Lincoln en use magnifiquement – voir ses paraboles qui persuadent autant qu’elles agacent ses interlocuteurs. Bref, la leçon du professeur Spielberg sur l’esclavage est moins fun que le western spaghetti sauce ketch up de Tarantino, mais elle est bien plus passionnante.
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C’est peut être un film statique avec beaucoup de dialogues mais ces conversations sont terriblement fascinantes
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Avec Lincoln, Spielberg abandonne ce désir de représentation politique, et s'en tient à l'allusion discrète (le dialogue évident avec l'ère Obama) pour se ranger plus franchement du côté de la fiction. A ce titre, il serait injuste de lui reprocher de ne pas filmer les martyrs, ou bien de mal les filmer, lui qui s'était déjà cassé les dents sur cette question précise avec Amistad. Ce qu'il cherche, cette fois, est tout autre et moins loin de lui. Il le trouve de l'autre côté de la Spielberg Face, dans son contrechamp. C'est donc le visage d'Abraham Lincoln. Et sous ses traits creusés, il voit son propre visage, le vrai, celui du conteur invétéré : la véritable Spielberg Face.
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Lincoln est une épopée intime, extrêmement bavarde et pensée comme telle pour mieux faire ressentir l'insupportable lenteur des tractations démocratiques. Une fois encore, Daniel Day-Lewis transcende la simple interprétation de cet homme usé par le poids de sa fonction. Il est prodigieux. Comme toujours.
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Au départ plutôt didactique, le film de Steven Spielberg décolle ensuite pour cerner avec brio une essence de l’Amérique. Où l’histoire prend toute sa signification.
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La force de Spielberg dans ce biopic, c'est le classicisme de la mise en scène modeste et totalement dévouée à l'histoire. Contrairement à ce que l'on pourrait penser au prime abord, il ne cherche pas à mettre en scène la Guerre de Sécession (suggérée, hors-champ), préfère filmer une autre guerre, une révolution sociale en marche. A bien des égards, tout ce qui pourrait paraître poussiéreux ou académique ne l'est jamais : Spielberg a l'air de filmer des joutes oratoires comme des combats spectaculaires et de traduire des choses complexes avec un langage clair pour un résultat à la fois beau, simple, émouvant et compréhensible par tous.
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Ce Lincoln est surtout porté par l’interprétation très intériorisée de l’acteur britannique Daniel Day-Lewis, qui parvient néanmoins à une ressemblance frappante avec son modèle et promène de plan en plan sa longue silhouette un peu voûtée, entre idéal et servitude du pouvoir.
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Steven Spielberg s'intéresse à Lincoln et à son rôle dans l'abolition de l'esclavage. Entre manipulations politiques et respect rigoureux de la loi, le scénario de Lincoln ne parvient jamais à nous emporter avec lui, malgré une mis en scène qui donne parfois dans le sublime.
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Le film centré sur les débats d'idées et les luttes d'influences manque singulièrement de fun et de glamour.
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En dépit de ses réelles qualités en termes de réalisation et d’interprétation, le côté sérieux, professoral et ultra-classique de ‘Lincoln’ tend à nous le rendre, à la longue, un tantinet barbant. Intéressant, bien fichu, mais totalement américano-centré et trop long. Quitte à prendre un cours magistral, autant retourner à la fac, non ? En revanche, les profs de civilisation américaine vont d’adorer.
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Les fans du spectaculaire Il faut sauver le soldat Ryan risquent d’être déçus, tant les longues discussions donnent l’impression de regarder La Chaîne Parlementaire. Une page d’histoire magnifiquement interprétée néanmoins par Daniel-Day Lewis.
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En s’attardant sur les derniers jours de la vie du plus célèbre Président américain, Spielberg relate l’un des événement les plus déterminant de l’histoire de son pays. Mais décidément plus sympathique quand il opère dans le domaine de la bande-dessinée ou de la SF que dans les bouquins d’histoire, le réalisateur d’E.T. cache derrière les apparats d’un classicisme soigné une posture franchement déplaisante. Les plus beaux discours n’abritent pas forcément les plus belles intentions...
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Le film affiche sa dimension pédagogique : explorer les coulisses de la démocratie américaine. Mais, sur le sujet, n'importe quel épisode de la série The West Wing (A la Maison-Blanche) est plus pertinent — et mieux écrit ! — que ce pensum interminable. Avec sa manie de multiplier les dialogues jusqu'à l'épuisement du spectateur, le dramaturge Tony Kushner inflige au scénario le même traitement que les représentants sudistes réservent au texte de loi contre l'esclavage. En langage parlementaire, cela s'appelle de l'obstruction.
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Spielberg tente de saisir la personnalité d’un des présidents américains les plus populaires à travers une œuvre bavarde qui ne parvient même pas à donner une vision juste et nuancée d’une époque trouble. Ennuyeux.