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Dans Two days in Paris et Two days in New- York, Julie Delpy a raconté des couples tentant de se maintenir unis en dépit des embûches placées sur leur route. My Zoe apparaît au départ comme le pendant dramatique de ces irrésistibles comédies. Ici le couple formé par la généticienne Isabelle (qu’elle interprète dans une composition riche en nuances) et son mari James est d’emblée séparé et embarqué dans une rude confrontation pour la garde de leur fille Zoé, James acceptant mal qu’Isabelle ait refait sa vie avec un réfugié qu’il soupçonne n’être avec Isabelle que pour obtenir des papiers et qu’il aimerait tenir éloigné de Zoé. My Zoe s’ouvre donc sur une chronique du déchirement à la Marriage Story. Mais très vite, on comprend que ce film va s’émanciper de ce seul genre. Impossible d’en révéler trop sous peine de gâcher les surprises imaginées par la réalisatrice mais disons qu’après la mort soudaine de Zoé, le film va basculer vers le thriller psychologique (qui a provoqué l’hémorragie cérébrale fatale à la petite fille ?) puis vers la fable métaphysique troublante quand on comprend qu’Isabelle est prête à tout, y compris flirter avec les interdits de la génétique, pour compenser l’absence insoutenable de son enfant. Audacieux, ce mélange des genres s’opère à l’écran dans une grande fluidité, Delpy réussissant notamment à distiller une étonnante normalité (la manière dont le vit Isabelle) dans une situation glissant vers l’anormalité. On en ressort à la fois destabilisé et conquis par le geste d’une cinéaste embarqué loin de sa zone de confort.