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Dès les premiers plans, le film pose un problème avec ce titre anglais -Sea of Trees- qui apparaît sur une mer d’arbres : cette redondance sera le premier caillou que sème le script balourd de Chris Sparling, plus connu pour avoir écrit le malin Buried avec Ryan Reynolds, série B high concept qui enterrait un acteur dans un cercueil. Autre lieu, autre star dans La Forêt des songes. Au tour de Matthew McConaughey de s’enterrer prématurément. Même avant son Oscar pour Dallas Buyers Club, McC était toujours menacé par le rôle casse-gueule où il devrait se lancer sans filet, sans l’ironie et la distance qui protègent ses meilleures perfs. Autant le dire cash, Matthew est le boulet de Sea of Trees, déployant avec la subtilité d’une moissonneuse-batteuse son registre de grognon-sensible, pas aidé par son personnage de scientifique tenté par le seppuku et forcément incapable de répondre à la Question qui gratte (Dieu existe-t-il ?). En flash-back, ses scènes de ménage avec Naomi Watts en femme cancéreuse ET chiante ET alcoolique (la surécriture, ce fléau) sonnent particulièrement faux et ça fait mal vu le niveau d’amour qu’on porte à ces deux-là en général.
Le message du film -car il s’agit d’un film à message : la vie est trop précieuse/fragile pour perdre son temps à s’engueuler, et nos disparus nous aident à supporter les moments les plus sombres de l’existence. Le niveau du fond est donc extrêmement bas, mais on fait parfois des chefs-d’oeuvres avec des sujets autrement plus faibles ou absurdes. Mais La Forêt des songes est bel et bien un affreux mélo pur sucre où Gus Van Sant se laisse aller à ses pires travers. Incapable de tisser son sujet avec élégance, ethnocentré (le fantômatique Takumi n’est qu’un faire-valoir du touriste suicidaire yankee), plombé par une symbolique des plus subtiles (Hansel et Gretel, m’voyez ?), La Forêt sombre. Et sa musique assourdissante dérange et le silence de la forêt (réputée au Japon pour sa quiétude élégiaque) et la force du sujet (le deuil et comment l’affronter). Pis que tout, La Forêt des songes est interminable, avec pas moins de quatre conclusions différentes qui achèvent de rendre le trip bien bad.
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Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Ce conte fantastique très touchant doit beaucoup à la performance de Matthew McConaughey, notamment dans les scènes intimistes où il se souvient de sa vie avec Naomi Watts.
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Quand la morale du détachement propre à Gus Van Sant neutralise tous les effets d’un mélo censément larmoyant.
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Pas de miracle cependant : une année à la cave ne transfigure pas un vin médiocre, et c’est bien ce que celui-ci reste – même s’il n’est pas, nous semble-t-il, dépourvu de qualités au point de mériter un tel déferlement de haine.
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En dépit de quelques idées peu subtiles mais malignes (twist symbolique à la clé) et d'une certaine efficacité dans son utilisation d'une forêt surpuissante, ce dernier Gus Van Sant disparaît de la mémoire aussitôt qu'il l'a traversée.
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Trop de symbolisme noit parfois son propos et atténue la force et la beauté de son histoire. Matthew McConaughey est une fois de plus bouleversant.
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Où est passée la délicatesse du grand cinéaste, encore éclatante il y a deux ans dans le pourtant didactique "Promised Land" ? (...) Matthew McConaughey n'est pas un acteur pour Gus Van Sant, manifestement débordé par son surrégime permanent — voire son cabotinage forcené, toutes larmes dehors.(...) Mauvaise pioche pour Gus Van Sant. Et pour Cannes.
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Malgré le talent de Ken Watanabe, qui parvient – en dépit des pièges du scénario et des dialogues – à préserver jusqu’au bout la part de mystère de son personnage, on se croirait revenu aux temps où les studios hollywoodiens bridaient les yeux de comédiens occidentaux pour leur faire proférer des vérités sorties d’un fortune cookie.
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C’est si bête que la tempête qui se lève bientôt sur la forêt passerait presque pour une bénédiction, mais abandonnez ici toute espérance, il n’y a rien à sauver.
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L’esthétisme du film se résume à des plans aériens de la forêt et des cadrages fonctionnels en complet pilotage automatique. Ne parlons même pas de la direction d’acteurs où Matthew McConaughey livre une de ses plus pitoyables prestations.
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Cette errance mortifère, filandreuse et désincarnée constitue dans la filmographie de Gus Van Sant, qu’on a connu plus inspiré, un contrepoint décevant à la pulsion de mort élégiaque d’un Gerry autrement hanté.
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Déjà peu convaincant avec l'errance en milieu hostile des deux héros, l'insertion de scènes de ménage, de la maladie, de l'hôpital, d'un accident et autres clichés irréversibles tel l'alcoolisme de l'héroïne fait basculer ce film dans un mélo hollywoodien au scénario bancal.
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A trop viser le consensus pour servir sa "belle histoire", Van Sant stérilise son film. Une déception, assurément.
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Ce survival suicidaire résiliant (on aboutit finalement à une réinitiation à la vie, une renaissance, comme en témoigne la scène d’expulsion de la cavité) paraît avoir été adapté d’un ouvrage de la collection "Harlequin" s’ouvrant aux spiritualités new age.
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Il n'y a pas que Matthew McConaughey qu'on perd dans cette forêt, il y a également le spectateur.
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Dans ce rata indigeste, en cherchant bien, on peut repêcher quelques bribes du Gus Van Sant que l’on aime (...) Mais globalement, on reste sur l’impression que ce film a été fait par un frère caché du cinéaste, dépourvu de talent et de désir : appelons-le Gugusse Van Sant.
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D’un sujet passionnant a priori, Gus Van Sant ne signe donc qu’une œuvre sans âme ni relief que certains pourront même trouver risible.
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Présenté en 2015 à Cannes sous le titreLa Forêt des Songes, le dernier opus du réalisateur de Will Hunting a changé de nom mais demeure ridicule.
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Le plus ahurissant, au fond, n’est pas tant que Gus Van Sant, dont on sait l’intérêt pour les films de commande et l’inspiration inégale, se soit planté mais bien qu’une telle crétinerie, digne d’un Ron Howard écrit par Marc Lévy, se retrouve en compétition à Cannes.
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Ridicule, grotesque, invraisemblable (...) il filme son drame comme un éléphant dans une maison de porcelaine.
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Par endroits l’écho du beau film bizarre qui aurait pu advenir de cet accident.
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Un film mystico-gnagnan digne des pires guimauves. A éviter.