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Cette chronique de la misère sur fond de trans-identité a quelque chose d’un peu trop évident : le héros s’appelle Jesus et prend des coups sans broncher (de son père alcoolique qu’il n’a jamais connu et qui l’envahit soudainement ; de la vie en général qui punit les faibles). Si l’on fait abstraction de ce parcours balisé, on peut apprécier le tableau, hypervivant, que fait Paddy Breathnach de La Havane, capitale interlope et fraternelle, et la manière touchante qu’il a de décrire une relation filiale pleine de contradictions et de non-dits. CN
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- Le Monde
Tendrement épris de sa belle galerie de personnages havanais hauts en couleurs et forts en gueule, « Viva » aurait pu n’être que pittoresque. A travers le regard d’un jeune homme qui coiffe les perruques d’artistes travestis et rêve de chanter dans leur cabaret, le tableau se pare toutefois d’une profondeur un peu grave que le cinéaste relaie en tableaux visuels et sonores superbes de La Havane sous la pluie.
L'Expresspar Thomas BaurezUn film délicat, sensible et intelligent.
Le héros de ce Viva se prénomme Jésus (et on a tôt fait d'en faire un martyr). Le jeune homme vit seul dans un appartement vétuste de La Havane, travaille de nuit dans un cabaret où il coiffe des travestis... Jusqu'au jour où ressurgit dans sa vie ce père qu'il ne connaît pas. Tout juste une photo jaunie accrochée au mur permet à ce fils d'idéaliser cet homme qui fut jadis une gloire de la boxe. L'image est forcément trompeuse. Le temps, l'alcool et des années de prison ont transformé l'apollon en héros fatigué et agressif. Ce dernier voit forcément d'un mauvais oeil ce rejeton si féminin.
Raconté ainsi, ce Viva pourrait être un film de plus sur une impossible émancipation, si le cinéaste irlandais Paddy Breathnach ne parvenait à transcender son récit. Le film s'approprie avec intelligence et délicatesse les différents décors du film (cabaret, appartement, salle de boxe...) comme autant de lieux symboliques où se jouent et se déjouent les certitudes des personnages.
Le monde de Jésus devient alors un petit théâtre, où la frontière entre la scène et la coulisse se déplace sans cesse, rendant plus sensible encore la richesse intime de chacun. Une belle réussite.
Téléramapar Frédéric StraussL'Irlandais Paddy Breathnach s'est pris de passion pour les spectacles de travestis, découverts lors de vacances à Cuba, et en a fait la matière de ce film chaleureux. Son scénariste a imaginé des personnages qui vivent tout avec leur corps, leur coeur, leurs poings. Un jeune garçon rêve de monter sur scène, dans un cabaret de La Havane. Il va y faire sensation sous le nom de Viva, avant de se faire casser la gueule par un client du bar : son père, un ancien boxeur qui sort de prison. Entre ce papa, dont il ne peut s'empêcher d'être proche, et Mama, un travesti dont il veut suivre l'exemple, il va chercher sa propre voie.
Sur fond de misère, pointée sans discours accusateur mais avec franchise, tout ramène à l'essentiel de la vie, de la survie. Aimer, s'aimer soi-même, gagner de quoi manger, s'en sortir. Pour Paddy Breathnach, metteur en scène sans esbroufe, chanter fait aussi partie des fondamentaux. Il n'a pas voulu traduire les nombreuses chansons qui rythment son film, jugeant que chacun comprendrait les sentiments qu'elles évoquent. Là est sa réussite : croire en des émotions qui nous traversent tous, célébrer des peines et des joies qui nous ressemblent et nous rassemblent. D'autant que les acteurs, étonnants, font vibrer ce mélo avec beaucoup de vérité. — F.Str.