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À mi-chemin entre le nonsense des Monty Python, le burlesque des Marx Brothers et la critique sociale caustique, ils poussent le bouchon très loin : la transformation d’un corbeau en Unabomber, les propos théologiques d’idiots finis ou les discussions sémantiques des tireurs d’élite sur la ressemblance entre les ours et les Wookies, tout est de l’ordre du grotesque. Toutefois, le réalisateur n’est pas controversé pour rien car, à mettre en scène de doux débiles en train de commettre une horreur, il crée un décalage et un lien affectif avec le spectateur. Au fond, elle est là l’audace. On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde. La farce devient grinçante et l’oeuvre gagne en profondeur. Elle permet de se moquer de ces hurluberlus tout en prenant conscience d’une haine de l’Occident devenue normale, comme une sorte de valeur familiale. Si l’on doute que Morris puisse un jour retrouver une telle cohésion entre son humour noir et un sujet aussi fort, We Are Four Lions touche au coeur d’un problème actuel tout en repoussant les limites de l’art de la comédie. C’est ce qu’on appelle une réussite.
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S’il s’agit de découvrir les Monty Python des années 2000, on est plus que partants, d’autant qu’il faut, a priori, les avoir bien accrochées pour oser faire rire en parlant de terrorisme islamiste. Mais la seule explosion qui retentit entre la première et la dernière seconde de la projection demeure celle, plus assourdissante que n’importe quelle bombe, d’un silence absolu, incrédule, presque choqué. Un « vent » dans ce qu’il a de plus impitoyable et de plus humiliant. Pas une situation, pas une réplique, pas une image pour rattraper l’autre. Écrit avec les coudes, filmé avec les pieds, interprété par des branquignols auxquels certains amateurs du Web pourraient donner des leçons, le résultat ne franchit même pas le seuil cinématographique minimal pour justifier ne serait-ce qu’une amorce de considération à l’égard de son contenu prétendument sensible. Devant un tel fiasco nous revient alors le souvenir de Rien que pour vos cheveux, cette comédie de 2008 avec Adam Sandler en agent du Mossad confronté à Al-Qaida. Personne n’avait jugé bon d’en faire tout un ramdam, mais là, oui, on s’était vraiment fendu la poire.
Toutes les critiques de We are Four Lions
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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L'humour est féroce sans manquer de profondeur, ni d'émotion. Dénonce, déconne et déguisement : c'est la meilleure 3D du mois.
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Les acteurs sont vraiment bons.3 Le film va continuellement de l'avant. We are four Lions est un cadeau de Noël. Pour celles et ceux dont les peurs dérapent. Et aussi pour les autres.
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Empruntant au documentaire sa liberté de ton, Morris ne se contente pas d'accumuler les gags sur un sujet épineux. Ce souci rend son film hilarant et dérangeant quand son quatuor de bras cassés prépare des attentats en Grande-Bretagne. Sélectionné à Sundance et bien reçu en Angleterre, We Are Four Lions prouve qu'on peut faire rire avec tous les sujets.
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En dehors du plaisir que procure la mécanique comique, on peut trouver un certain soulagement à réduire ces croquemitaines qui affectent la vie quotidienne de milliards de terriens à des figures dérisoires.
Chris Morris a le courage et la rigueur intellectuelle de ne pas laisser tomber ses zozos aux mains de l'antiterrorisme britannique (qui n'est d'ailleurs pas épargné).
Le film se finit dans les rues de Londres, le jour du marathon. Les quatre lions multiplient les erreurs, se conduisent de façon toujours aussi ridicule, mais la logique du terrorisme est respectée et le rire finit par rester coincé. Le ridicule ne tue pas, mais les gens ridicules peuvent tuer.