Luck
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La réalisatrice Peggy Holmes nous raconte son rapport à l’humour physique et les coulisses de ce film dédié à la malchance.

Fondé en 2017 et dirigé par John Lasseter (ancien directeur artistique  de Disney et Pixar, qui a donc trouvé une nouvelle maison après les accusations de harcèlement sexuel qui ont conduit à son départ), Skydance Animation sort enfin son premier long-métrage, Luck. Un film à découvrir sur Apple TV+ dont l’héroïne, Sam Greenfield, est la personne la plus malchanceuse du monde, et qui va se retrouver projetée dans un univers où la chance et la malchance sont produites. Présentées en work in progress au Festival international du film d’animation d’Annecy, les premières images laissaient entrevoir un mélange assez subtil d’humour physique et d’émotion. Rencontre avec Peggy Holmes, réalisatrice de Luck.


Première : Luck repose énormément sur le slapstick. Était-ce le seul moyen de représenter la malchance de Sam ?
Peggy Holmes : Dès le départ, on a fait le choix que le premier acte du film serait consacré à la découverte du personnage de Sam. Et comme elle n’a pas de famille et qu’on se refusait à lui accoler un sideckick trop tôt dans le récit, on a décidé de lui donner une personnalité non pas à travers les dialogues, mais grâce à ses interactions du quotidien avec les objets. On s’est tournés vers ces artistes je regardais en boucle à la télé quand j’étais petite : Lucille Ball Carol Burnett, Donald O’Connor, Buster Keaton, Charlie Chaplin… Parce que j’étais danseuse (et même chorégraphe pour le cinéma et plusieurs clips musicaux, NDLR), la comédie physique m’attirait beaucoup. Question de rythme. C’était parfait pour Sam : on pouvait simplement la placer dans son appartement ou dans un environnement de travail, et à partir de là inventer des tas de gags purement visuels.

La chance et la malchance sont comme des forces invisibles dans le film. 
Oui, je dirais même des énergies. Ça nous a pris un long moment avec les équipes et John Lasseter pour mettre au point les règles de cet univers, pour que tout ça nous semble logique. On partait de zéro, on inventait tout ! On a fait des tas de recherches sur la chance à travers l’histoire de l’humanité, la façon dont elle est représentée et à quel point l’Homme est obsédé par elle. Et il m’a vite semble évident que la grande spécificité de la chance, c’est qu’elle est aléatoire. On ne peut pas la créer ni la contrôler, et elle nous est invisible. Donc c’est comme ça qu’on a choisi de la montrer - ou plutôt de ne pas la montrer ! 

Luck est le tout premier film Skydance Animation, ce qui veut dire qu’il est aussi une sorte de statement sur les valeurs et la nature de l’entreprise. 
Tout à fait. Même si pendant les réunions préliminaires, ce n’était pas le sujet. Chez Skydance Animation, on veut faire du cinéma avec une forte dimension émotionnelle. Des films qui se déroulent dans des mondes inédits et qui visent un public mondial. Mais à part ça, tout l’enjeu est d’imaginer des histoires dans lesquelles on met un morceau de nous-même, et dans lesquelles les spectateurs se retrouvent. 

Qu’est-ce que John Lasseter apporte à Skydance Animation ?
Je ne vais rien vous apprendre en vous disant que c’est un maître du storytelling. C’est quelqu’un de sage, avec beaucoup d’idées. Il a également une capacité hors norme à résoudre des problèmes, à écarter tout ce qui est superflu pour que vous puissiez clairement voir là où vous devez aller. Et par-dessus tout, John parvient à vous persuader que quoi qu’il se passe, vous allez y arriver. Ça n’a pas de prix.

Luck, de Peggy Holmes, le 5 août sur Apple TV+.