Les chansons des films de Lelouch- Un homme et une femme
DR/ Les Films 13

A l’occasion de son Ciné- spectacle Symphonique, voyage musical à travers ses œuvres, le cinéaste nous dévoile les secrets de fabrications de quelques- unes des chansons culte de ses films. A commencer donc par le titre mythique signé Francis Lai et Pierre Barouh

Ce ne devait être qu’un one shot ! En novembre dernier, pour célébrer tout à la fois son 85ème anniversaire ses 50 films et une carrière de plus de 60 ans, le Palais des Congrès de Paris accueillait « Claude Lelouch - Le Symphonique », un spectacle comme un voyage en musique et en images dans sa filmographie, où les musiciens de la formation Symphonique interprétaient les plus belles musiques de ses longs métrages sur un montage inédit projeté sur un écran géant. Mais une salle comble et enthousiaste ne pouvait que donner lieu à des rappels. Alors à partir du 10 novembre, « Claude Lelouch - Le Symphonique » s’offre une balade à travers la France, en passant par la salle Pleyel à Paris le 15 novembre. L’occasion pour Première d’aller à la rencontre du cinéaste pour qu’il nous parle des chansons devenues cultes qui peuplent son cinéma. Dans les épisodes suivants, il sera question de Johnny, Brel, Dutronc, Michel Legrand, Mireille Mathieu, Gilbert Bécaud, Didier Barbelivien, Philippe Léotard ou Maurane. Mais ce feuilleton ne pouvait débuter que par la chanson du film qui la lancé sa carrière : le chabadabadesque Un homme et une femme co- signé par Francis Lai et Pierre Barouh, nommé au Golden Globe de la meilleure chanson originale en 1967.

Vous souvenez- vous de la première fois où vous avez entendu la chanson Un homme et une femme ?

Claude Lelouch : Comment l'oublier ? C'était dans un lit avec Francis Lai…

Dans un lit ?

Oui, Francis habitait alors une petite loge de concierge dans le quartier de Montmartre et pour ne pas déranger ses voisins à cause du bruit de l’accordéon avec lequel Francis s’accompagnait, on se mettait sous les couvertures où on finissait vite en sueur ! (rires) Ce soir- là, il m’a fait écouter une dizaine de thèmes qui étaient tous magnifiques. Mais sans que j’ai le déclic. Sans que j’entende cette mélodie qui fait qu'à un moment donné, mon cœur se serait mis soudain à battre différemment. Sans ce petit truc qui fait qu’elle serait capable de parler à tout le monde. Et puis, au bout d’un petit moment, il me dit : « Ecoute, j’ai une autre musique, mais j’ai un peu honte de te le faire écouter » car il le trouvait trop basique. Et dès les premières notes, même si lui avait du mal à y croire, j’ai su qu’on la tenait


Pour quelle raison ?

C’est toujours un peu impalpable. Ce fameux déclic. Cette certitude au fond de moi que tout le monde allait s’en emparer. En partant de cette base, on a travaillé toute la nuit là- dessus pour l’améliorer. On a commencé à 23h, on a fini à 5 heures du matin. Malgré les doutes de Francis, aussi timide que modeste. Et à 6 heures du matin, on a appelé Pierre Barouh pour lui dire qu’on avait besoin de ses paroles sur cette musique. J’ai alors commencé à lui chanter la mélodie « Da ba da ba da. Da ba da ba da ». Et quand lui a commencé à mettre des paroles sur ces notes, je lui ai tout de suite dit que ce j’aimerais qu’on garde du « Da ba da ba da » afin que chaque spectateur puisse imaginer ses propres paroles. Car, pour moi, il fallait que cette chanson appartienne à tout le monde. On allait faire le portrait d'un homme et d'une femme, et pas d'un acteur et d'une actrice. On est parti là- dessus, avec en plus toute l'innocence de l'âge que nous avions. Et on a été récompensé sans avoir cherché le tube

Vous l’avez faite entendre à vos comédiens Anouk Aimée et Jean- Louis Trintignant avant ou sur le plateau ?

J’ai pour habitude de toujours enregistrer la musique de mes films avant les tournages car elles en constituent des personnages à part entière. Et oui, sur le plateau d’Un homme et une femme, j’envoyais régulièrement la chanson de Francis et Pierre pour qu’Anoux et Jean- Louis l’aient en tête et se déplacent même parfois à son rythme. Elle fut d’une grande aide dans ma direction d’acteurs et tout ceci reste un souvenir évidemment inoubliable. La parfaite illustration du dicton qui m’a souvent accompagné dans la vie : aux innocents les mains pleines !

Claude Lelouch- Le Ciné- spectacle symphonique. Le 10 novembre au Zénith de Caen. Le 15 novembre à la salle Pleyel à Paris. Le 17 novembre au Zénith de Rouen. Le 1er décembre au Zénith de Caen. Le 3 décembre au Zénith de Lille