Le PDG de Disney, Bob Iger, raconte la relation difficile entre le créateur de Star Wars et la nouvelle trilogie.
Bob Iger, big boss de Disney, vient de publier son autobiographie aux USA, intitulée The Ride of a Lifetime : Lessons Learned from 15 Years as CEO of The Walt Disney Company. Et en guise de première leçon, que diriez-vous de l’histoire de la conception de la nouvelle trilogie Star Wars, avec un focus sur l’implication de George Lucas ? Figurez-vous que, d’après Iger, Lucas n’aime pas du tout, du tout Le Réveil de la force. "Juste avant la sortie mondiale du film, Kathleen Kennedy a projeté Le Réveil de la Force pour George", raconte Iger. "Il n’a pas caché sa déception. "Il n’y a rien de neuf", a-t-il dit. Dans chaque film de la trilogie originale, c’était important pour lui de dévoiler de nouveaux mondes, de nouvelles histoires, de nouveaux personnages, et de nouvelles technologies. Dans ce film, "il n’y avait pas assez d’innovations visuelles ou techniques", disait-il. Il n’avait pas tort, mais il ne réalisait pas toute la pression que nous subissions pour donner aux fans les plus ardents un film qui soit la quintessence de Star Wars. Nous avons délibérément créé un film qui soit connecté aux premiers films, à la fois par l’image et par le ton. Nous ne voulions pas nous éloigner trop de ce que les gens aimaient, de ce que à quoi les gens s’attendaient. Et George nous critiquait exactement pour ce que nous étions en train d’essayer de faire."
La réaction de Lucas face à l’Episode 7 de Star Wars -qui dialogue justement et joliment avec La Guerre des étoiles de 1977- est, d’après Iger, peut-être provoquée par l’absence quasi-totale d’implication du créateur de la saga dans la nouvelle trilogie chez Disney. Quand la compagnie rachète Star Wars en 2012 (Iger lui-même signe le contrat avec Lucas), Lucas explique qu’il a écrit un synopsis pour une nouvelle trilogie. Bob Iger et Alan Horn, l’autre big boss de Disney, lisent le travail de Lucas et décident de l’acheter, "mais il était clair lors de l’achat que nous n’étions pas tenus contractuellement d’utiliser les idées de Lucas." C’es très clair : on achète le scénario mais on ne le tournera pas. "Ce n’était pas facile à accepter, pour lui", continue Iger. "Il a accepté à contrecœur de se rendre disponible en tant que consultant si on lui demandait. Je lui ai promis que nous serions ouverts à ses idées (ce n’était pas très dur, bien sûr que nous serions ouverts à des idées de George Lucas), mais, comme son synopsis, nous n’aurions aucune obligation."
Et puis vint le temps de l’écriture de l’Episode 7, et là les choses se sont gâtées. Kathleen Kennedy, patronne de Lucasfilm, organise une réunion avec J.J. Abrams, réalisateur du film, et le scénariste Michael Arndt (Toy Story 3), pour discuter du nouveau film. "Quand ils ont commencé à raconter l’histoire, George s’est tout de suite énervé en réalisant qu’ils n’utilisaient aucune de ses idées. La vérité, c’est que Kathleen, Alan et moi avions défini la direction que devait prendre la saga et nous étions tous d’accord que ce n’était pas celle que George avait écrite." Iger comprend la déception de Lucas, et admet qu’il aurait dû anticiper en lui disant la vérité depuis le départ. "George s’est senti trahi."
Reste à savoir quelles sont les idées que George Lucas avait jeté sur le papier pour sa nouvelle trilogie. Des rumeurs parlent notamment d’une exploration des origines de la Force à travers les personnages mythiques des "Whills", mais à moins de mettre la main sur un exemplaire du synopsis de Lucas, on restera dans le flou.
Sinon, dans une interview donnée au New York Times pour la sortie de son autobiographie, Iger admet que sa compagnie s'est peut-être trop précipité à sortir des films Star Wars. L’Episode 9 de la saga, L’Ascension de Skywalker, sort le 18 décembre en France. On attend de voir quelle sera la réaction de Lucas, lui qui avait trouvé que Les Derniers Jedi -qui, pour le coup, proposait du jamais vu dans l’univers Star Wars- était "très joliment fait".
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