Die Hard à la Maison blanche : comment faire un remake sans en avoir l'air ?
20th Century Fox/Millennium Films

Dans son genre, le film d'action avec Gerard Butler est particulièrement efficace. Et il assume pleinement ses similitudes avec l'un de ses modèles évidents : Piège de Cristal.

Die Hard à la Maison blanche : c’est sans doute en ces termes immédiatement explicites que les scénaristes Katrin Benedikt et Creighton Rothenberger ont dû résumer leur script de La Chute de la Maison blanche à leurs producteurs... Un blockbuster également porté par Angela Bassett, Ashley Judd, Aaron Eckhart ou encore Morgan Freeman, à revoir ce soir sur W9.

Le film d’Antoine Fuqua (Training Day), sorti au printemps 2013 au cinéma, place Gerard Butler dans la peau d’un ancien des Forces spéciales mis au placard, affecté à la sécurité du palais présidentiel américain. Lorsque des terroristes attaquent la Maison blanche, les circonstances font que Banning (c’est le nom du héros) se retrouve seul à devoir sauver le Président et à affronter les bad guys entre quatre murs…

Bref, il s’agit d’une variation de l’archétypal Piège de cristal, ambiance d’actioner vintage comprise. Si le film culte de John McTiernan ne vient pas de nulle part, son succès fit que sa recette (un type seul affronte des méchants dans un lieu clos) devint un archétype : on parle désormais d’un film "à la Die hard".

Mais le séminal Piège de cristal n’est évidemment pas tout seul dans ce cas : il suffit de changer le cadre d’une bonne histoire pour donner un tout autre film alors que le fond reste le même. Une bonne histoire reste éternelle. La preuve par quatre films, juste en dessous de la bande-annonce de La Chute de la Maison Blanche.


Mathieu Kassovitz va prendre la suite de Gerard Butler dans La Chute de Paris

La Guerre des étoiles : La Forteresse cachée dans l’espace

1958, recette originale : Dans le Japon féodal, deux paysans découvrent le trésor du clan Akizuki. Alors qu’ils tentent de survivre, ils sont capturés par le général Rokurota (Toshiro Mifune), qui doit escorter la princesse Yuki (héritière du clan Akizuki) à travers le pays en guerre.

1977, nouvelle version : George Lucas a mis toutes ses inspirations dans le premier Guerre des étoiles (de Castaneda à Flash Gordon) en 1977, et il a admis avoir emprunté la structure du film à La Forteresse cachée d'Akira Kurosawa. Le début de l’histoire raconté du point de vue de deux personnages faibles (les droïds R2D2 et C3PO), puis l’escorte de la princesse par deux personnages opposés à travers un territoire ennemi. Plus prosaïquement, les sabres lasers, l’armure de Darth Vader et les effets de transition de volets entre les séquences sont empruntés au cinéma de Kurosawa-sensei -juste retour des choses, Lucas produira d’ailleurs en 1980 le Kagemusha du maître nippon.

Keanu Reeves, Speed
20th Century

Speed : Die Hard dans un bus

1988, recette originale : John McClane (Bruce Willis), flic new-yorkais, est coincé dans un building d’affaires le soir de Noël alors que des terroristes (en fait des cambrioleurs) prennent en otage les occupants. McClane va sauver la situation après bien des épreuves. Le succès du film -et surtout de sa suite 58 minutes pour vivre- fut tel que, à l’instar des Dents de la mer en 1975, tous les studios US voulurent avoir leur Die Hard.

1993, nouvelle version : A partir de 1992, on eut donc droit à Piège en Haute Mer, Passager 57, ou encore Cliffhanger. Toutes variations de Die Hard dans différents milieux (un navire de guerre, un avion de ligne, la montagne). Mais si Speed -alias Die Hard dans un bus- se distingue, c’est que son troisième acte (dans le métro) recycle un script écrit à l’origine par Doug Richardson pour un éventuel troisième Die Hard

Outland, loin de la Terre : Le Train sifflera trois fois dans l’espace

1952, recette originale : Le marshal Will Kane (Gary Cooper) vient de se marier et souhaite quitter son job. Mais il apprend que son ennemi juré et son gang de tueurs arriveront par le train de midi. Lâché par les habitants de la ville, Kane devra les affronter seul, avant de jeter son insigne et de partir au loin avec Grace Kelly.

1981, nouvelle version : Dans le film de science-fiction de Peter Hyams, O’Niel (Sean Connery) est le shérif d’une station minière sur une lune de Jupiter. Qui découvre que les travailleurs sont drogués pour travailler plus (et vivre moins). Rien à voir ? Sauf que le big boss lui envoie ses assassins via une navette spatiale -le suspense est claqué sur celui de l’arrivée du train dans High Noon- et O’Niel devra les affronter seul avant de se barrer dans l’espace avec sa femme.

Assaut : Rio Bravo à Los Angeles dans les années 70

1959, recette originale : Le shérif John T. Chance (John Wayne), aidé de l’alcoolique Dude (Dean Martin) et du pistolero Colorado Kid (Ricky Nelson), doit surveiller toute une nuit un prisonnier en attendant son transfert. Mais les complices de Joe vont assiéger le commissariat…

1976, nouvelle version : Grand admirateur d’Howard HawksJohn Carpenter s’inspira aussi bien de son Rio Bravo que de La Nuit des morts-vivants pour son deuxième long. Dans le Los Angeles contemporain, un gang cherche à tuer un témoin qui s’est réfugié dans un commissariat, qui accueille également des condamnés en transit. L’assaut va durer toute la nuit. Le huis clos, la musique obsédante, les codes mêlés de l’horreur et du western : Carpenter, qui signa également le montage du film sous le pseudonyme de John T. Chance, trouvait là les formes de son art.

Jean-François Richet nous raconte la création de Mayday avec Gerard Butler