"Johnny est une star, un roi... et un Américain !"
Trois ans après ADN, Maïwenn revient avec un nouveau-long-métrage en apparence moins personnel. En apparence seulement. Car si Jeanne du Barry est le premier film d’époque et en costume de la réalisatrice de Polisse et Mon Roi, elle s’est clairement identifiée à l’histoire de la dernière favorite du roi Louis XV, projet qu’elle rêve de mettre en scène depuis 2006 et dont elle interprète le rôle-titre.
En dévorant la biographie de la courtisane, Maïwenn a eu une révélation : "Je connais pour les avoir vécues plein de choses qu’elle a traversées", nous confie-t-elle dans le nouveau numéro de Première, disponible en kiosque (et sur notre boutique en ligne). "Avoir quitté l’école très tôt. Avoir senti très jeune que le charme et la séduction pouvaient l’emmener très loin. Avoir aimé très jeune un homme de pouvoir et avoir été traitée de pute durant toute la période où ils ont été ensemble…"
Commandez le numéro 540 de PremièreJeanne du Barry va ouvrir le Festival de Cannes, le 16 mai prochain, mais la conception de ce projet n’a pas été un long fleuve tranquille. Connue pour son goût de l’improvisation, Maïwenn a cette fois du rester près du texte. Elle a aussi expérimenté le tournage en pellicule, qui lui a mis une nouvelle pression car il oblige à faire moins de prises. Diriger une star hollywoodienne de l’envergure de Johnny Depp, qui incarne Louis XV dans le film, a été un autre challenge.
Il y a quelques mois, des rumeurs ont d’ailleurs évoqué des relations explosives entre Maïwenn et Johnny Depp sur le plateau. Un sujet qu’elle n’esquive pas :
"Johnny est une star, un roi... et un Américain ! On m’avait précisé que, pour le prévenir qu’on l’attendait pour tourner une scène, je ne pouvais pas aller frapper à la porte de sa loge. Or un jour, je l’ai fait quand même. Et là, il m’a fait comprendre que j’avais commis une intrusion inacceptable et m’a demandé ce que ça me ferait si lui venait cogner à la porte de ma loge. Je lui ai répondu que tout le monde le faisait tout le temps. Parce que c’est ainsi que fonctionne un plateau en France !"
Ce choc des cultures a amené la réalisatrice et son acteur à faire des compromis, en toute intelligence :
"Il faisait des efforts, même si je voyais que ça lui coûtait. J’ai compris qu’aux États-Unis, les stars ne se font pas vraiment diriger. Elles expliquent au réalisateur comment elles vont jouer la scène et le réalisateur suit le mouvement. Mais en France, le boss, c’est le metteur en scène. Donc à chaque prise, je tournais évidemment sa proposition, mais je lui demandais aussi d’interpréter la mienne pour avoir le choix au montage. Et là-dessus, il a vraiment joué le jeu."
Faire jouer Johnny Depp en français était un défi supplémentaire, mais là aussi Maïwenn explique avoir su tirer profit de la situation, misant moins sur les dialogues et plus sur sa capacité à transmettre des émotions autrement que par la parole : "Son statut de star, il ne l’a pas volé. Pour moi qui veux un film le moins bavard possible, c’est fascinant de voir tout ce que Johnny fait passer par son visage, son regard. Comme un acteur du muet."
Propos recueillis par Thierry Chèze
Jeanne du Barry sortira au cinéma le 16 mai, pour l’ouverture du Festival de Cannes.
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