Arte rend hommage ce soir à la cinéaste disparue le 12 mars en diffusant ce film, dont voici quelques petits secrets.
Le plus gros succès de la carrière de Tonie Marshall
Avant Vénus Beauté (Institut), Tonie Marshall avait signé trois longs métrages pour le grand écran : Pentimento, Pas très catholique et Enfants de salaud. Après Vénus Beauté, elle en mettra en scène cinq autres : Au plus près du paradis, France Boutique, Passe- passe, Tu veux ou tu veux pas et Numéro une. Mais aucun d’entre eux - y compris donc la réunion du duo Patrick Bruel- Sophie Marceau dans Tu veux ou tu veux pas - n’égalera le score au box- office de Vénus Beauté : 1 327 798 spectateurs. Ce qui lui a valu la 25ème place d’une année 1999 dominée par Astérix et Obélix : mission Cléopâtre. Ce succès poussera en 2005 Arte à décliner le film en une série, Vénus et Apollon, qui connaîtra deux saisons jusqu’en 2009.
Jacques Audiard au scénario
Pour signer ce scénario centré sur le quotidien d’un institut de beauté, de ses employées et de ses clients, Tonie Marshall a fait appel à deux plumes : Marion Vernoux et un certain Jacques Audiard ! Le cinéaste avait alors déjà réalisé Regarde les hommes tomber et Un héros très discret (primé pour son scénario à Cannes en 96) mais aussi déjà écrit ou apporté son aide à de nombreux autres réalisateurs : Georges Lautner (Le Professionnel), Claude Miller (Mortelle randonnée), Josiane Balasko (Sac de nœuds), Jérôme Boivin (Baxter) ou encore Michel Blanc sur Grosse fatigue. Mais Vénus Beauté marque un moment de bascule dans sa carrière. A partir de là et Sur mes lèvres, il ne signera plus les scénarios que de ses propres films.
La première apparition d’Audrey Tautou sur grand écran
Formée à la classe libre du Cours Florent, Audrey Tautou avait débuté sa carrière de comédienne en 1996 par des cours métrages (les épatants Casting : archi dégueulasse et La Vieille barrière de Lyèce Boukhitine) et quelques apparitions dans des séries télé (Les Cordier, juge et flic, Julie Lescaut, Le Boiteux…). Mais c’est bel et bien Tonie Marshall qui lui a donc offert sa première chance sur grand écran, salué par un César de la révélation. Trois ans plus tard, Audrey Tautou incarnera Amélie Poulain et, par ricochet, sa notoriété deviendra planétaire.
Un as de la guitare à la B.O.
Né en 1956, l’égyptien Khalil Chahine signe la musique de Vénus Beauté. Ce guitariste de jazz s’est fait connaître en accompagnant de nombreux artistes sur scène ou en studio (Henri Salvador, Michel Legrand, Jacques Dutronc…) puis par ses propres compositions mêlant jazz, fusion et musique orientale. A la télé, on lui doit en solo des jingles pour la météo de France 2 mais aussi ceux de jeux et émissions comme Les Z’amours et Vidéo Gag. Et au cinéma, c’est la regrettée Marie- France Pisier qui lui a donné sa chance en 1990 dans Le Bal du gouverneur avant qu’il ne devienne un collaborateur régulier de Gérard Jugnot : Fallait pas !, Meilleur espoir féminin, Monsieur Batignole et C’est beau la vie quand on y pense.
Une technique novatrice pour la conquête de César
Venus Beauté a été le grand triomphateur des César 2000 avec 4 trophées. A cette occasion, Tonie Marshall fut la deuxième réalisatrice à remporter celui du meilleur film, quatorze ans après Coline Serreau pour Trois hommes et un couffin. Elle sera suivie par Agnès Jaoui pour Le Goût des autres en 2001 et Pascale Ferran pour Lady Chatterley en 2007. Mais elle fut aussi et surtout la première – et reste encore la seule à ce jour – à avoir décroché le César du meilleur réalisateur. Ce n’est cependant pas la seule raison pour laquelle ce film a marqué l’histoire des César. Sa stratégie envers les votants de l’Académie a en effet marqué un tournant. Jusque là, les distributeurs et producteurs invitaient les membres de l’Académie à des projections privées de rattrapage de leurs films. Ceux de Vénus Beauté ont, eux, décidé de leur envoyer… une VHS de leur long métrage. Ce qui en a fait du film l’une des œuvres les plus vues par les votants, base idéale pour une pluie de récompenses. Et l’Académie des César reprendra quelques années plus tard cette (bonne) idée en l’élargissant avec le fameux coffret réunissant – moyennant finance – les longs métrages de l’année en cours, envoyé à chaque votant
Commentaires