LT-21
OCS /Have a Good One / Trésor Prod

C'est une pandémie que personne n'avait vu venir. Un virus inarrêtable, qui va contaminer la France et le monde avec cette particularité : les patients infectés développent une amnésie biographique totale. La créatrice, Mélisa Godet, nous raconte comment elle a imaginé LT-21, sa dystopie ancrée dans le réel, portée par Léonie Simaga et Arnaud Valois.

Est-ce que c'est le Covid qui vous a inspiré cette série sur une pandémie ?
Mélisa Godet
: Tout est parti d'un appel à projet du fonds OCS signature, en 2020. Il fallait faire une série de genre en format 26 minutes tournant autour du thème de l'amnésie. On était dans ce moment où le virus commençait à arriver du côté de Wuhan. Et une nuit, j'ai fait un rêve où j'ai tout mélangé. J'ai imaginé ce virus très contagieux arrivant de Chine, mais qui effacerait la mémoire. Le Covid a ensuite nourri l'écriture...

De quelle manière ?
Je me suis inspiré de la crise, des confinements et ça m'a montré jusqu'où ça peut aller d'essayer d'enrayer une épidémie de cet ordre. Je me suis nourrie des inquiétudes des gens durant ce moment. On pouvait lire sur les réseaux une forme de panique, avec les camions de l'armée sur le périph'. Ca aurait pu dégénérer et c'est là que ça m'intéresse. On se projette et on entre dans la dystopie. Après, nos imaginaires sont très armés, depuis, en ce qui concerne les pandémies. On sait ce qui se passe, comment ça marche... Donc je suis passé assez vite, dans l'écriture, sur le début de l'épidémie en tant que telle. On évoque le manque de matériel, le manque de moyen, le manque de préparation. Et puis les virologues qui cherchent un vaccin... Mais assez vite, j'ai voulu mettre une distance par rapport au Covid, en disant que le virus LT-21 ne ferait pas un seul mort. On est plus dans une mort symbolique.



L'amnésie totale, provoquée par les patients touchés par ce virus, c'est une forme de mort ?
Oui, ou de renaissance. J'ai voulu travailler sur cette notion là. Les malades de la série ne seront plus jamais les personnes qu'elles ont été. Mais c'est aussi un moyen de se demander dans quelle mesure on peut, chacun, se réinventer. Ou réinventer le monde autour. L'un des personnages porte aussi ce message : si on laisse l'humanité perdre la mémoire, n'est-ce pas le moment de tout recommencer, à zéro, en faisant moins d'erreurs ?

LT-21 est une série catastrophe qui met d'abord l'accent sur l'humain...
On n'est pas du tout dans le post-apocalyptique. Ne serait-ce que pour des questions de budget. On est plus dans le pré-apocalyptique, c'est-à-dire à ce moment où les choses commencent à dégénérer. Et ce qui m'intéresse, c'est d'être à hauteur des personnages. Il se passe une tragédie plus grande qu'eux. Mais qu'est-ce que ça veut dire pour eux ? Dès l'écriture, on sait que les moyens seront limités. Filmer le monde extérieur et des villes censées être confinées, c'est compliqué. Donc j'ai polarisé le récit sur deux décors principaux : cet hôpital, qui devient un centre de quarantaine, en vase clos, dont plus personne ne sort. Et cette île un peu bizarre, où des intellectuels sont à l'abri du virus, pour poursuivre les recherches.

LT-21
OCS /Have a Good One / Trésor Prod

Où est-ce que vous avez tourné les séquences dans ce bunker militaire insulaire ?
On a filmé au fort de Penthièvre, placé à l'entrée de la presqu'île de Quiberon en Bretagne. C'est un terrain militaire, qui sert de lieu d'entraînement commando. L'armée nous a accueilli pour le tournage et on a dû cohabiter avec quelques militaires qui étaient en entraînement... Ce qui était aussi pratique pour des questions basiques sur la corporation. Du genre : à quel moment on met le béret ? Ou le casque ? On avait des conseillers techniques à disposition.

La fin de la saison 1 est ouverte. Envisagez-vous de faire une saison 2 ?
J'adorerais faire une suite. On termine avec un espoir, sous forme de question. Le titre du dernier épisode est : "Faire mieux" et c'est ça que je voudrais explorer. Est-ce qu'on pourrait véritablement faire mieux si le virus se propage et que l'humanité repart à zéro ? C'est le point de vue plus philosophique en filigrane de l'histoire et j'aimerais explorer ça un peu plus, si l'on fait une suite.

LT-21, saison 1 en 8 épisodes de 26 minutes, à voir sur OCS à partir du 12 octobre 2023.