En 2012, Première avait rencontré le réalisateur Cameron Crowe et l'actrice Scarlett Johansson. Flashback.
Ce week-end, TF1 diffusera Nouveau Départ de Cameron Crowe. Quatorze ans après ses débuts dans L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux, Scarlett Johansson revenait en 2012 dans le rôle d'une provinciale en short aidant Matt Damon à s'occuper d'un zoo.
L'occasion pour le magazine Première de parler musique avec la star de Lucy, mais aussi de sa relation privilégiée avec le réalisateur de Presque célèbre et Rencontres à Elizabethtown.
Interview Benjamin Rozovas
Rencontre avec Scarlett Johansson :
PREMIÈRE : Entre Iron Man 2 et Avengers, étiez-vous contente de faire un break avec les superhéros pour tourner Nouveau Départ ?
SCARLETT JOHANSSON : À vrai dire, je viens à peine d'en finir avec le Spandex car on a été rappelés afin de tourner quelques scènes supplémentaires pour Avengers. Il était temps, ça devenait insupportable ! Mais, oui, j'ai adoré tomber ma combi moulante pour faire Nouveau Départ avec Cameron Crowe et retrouver le plaisir simple de traîner en short.
L'argument du film - Matt Damon achète un zoo - peut paraître un peu mince pour du Cameron Crowe…
Ça n'empêche pas Nouveau Départ de lui ressembler de bout en bout. C'est une tranche de vie pleine de douceur et de sincérité, jamais farfelue. J'ai l'impression que Cameron est dans sa phase Robert Redford.
C'est-à-dire ?
Il travaille au plus près de la nature, comme il ne l'a jamais fait auparavant. Le film embrasse son environnement, le zoo y est un personnage, au même titre que les humains qui le traversent. Pour moi, Cameron possède l'étoffe d'un grand réalisateur classique. Ses films n'auraient pas pu être tournés par quelqu'un qui n'a pas grandi aux États-Unis et, dans un sens, Nouveau Départ lui offrait l'opportunité d'explorer une certaine idée de l'Ouest américain. Il l'a également écrit pour exorciser son propre chagrin (en septembre 2010, le cinéaste a divorcé de Nancy Wilson, avec qui il était marié depuis vingt-quatre ans), se reconnaissant sans doute beaucoup dans ce que traverse le personnage de Matt Damon.
Musicalement, étiez-vous sur la même longueur d'onde que Crowe ?
On s'échange de la musique depuis très longtemps. La première fois que je l'ai rencontré, c'était lors du casting de Presque célèbre. J'avais 15 ans. Il m'avait fait lire une scène dans laquelle le personnage se lançait dans un long monologue où il était question d'un morceau de Led Zeppelin, The Rain Song, qui est sur l'album Houses of the Holy, je crois... Je me rappelle avoir écouté cette chanson un nombre incalculable de fois avant l'audition. Cameron ne le sait pas, mais il a eu une très grande influence sur moi. Il n'est pas étranger au fait que la musique tienne aujourd'hui une place importante dans ma vie et que j'en écoute énormément. Il en passe continuellement sur le plateau. On en parle tous les deux, on se fait découvrir des choses... J'adore travailler avec lui.
Pour aider Matt Damon à cerner son personnage, Cameron Crowe lui aurait confectionné une mixtape. À vous aussi ?
C'est plutôt l'inverse : j'en ai fait une pour lui, avec des chansons que le rôle et le film m'inspiraient.
Et quelles chansons illustrent le mieux Nouveau Départ, alors ?
Cameron a choisi Jónsi, le leader de Sigur Rós, pour écrire la musique, une idée que je trouve brillante. Je suis folle de ce groupe. De mon côté, j'avais mis pas mal de Nick Cave sur ma mixtape…
Dans le film, vous avez cette réplique : ''Je suis fan des gens qui n'essaient pas d'être autre chose qu'eux-mêmes.'' Ça vous parle ?
Bien sûr. Qui aime le bullshit ? Je n'ai aucune patience pour les hypocrites ou ceux qui trouvent ça cool de jouer un jeu.
Pourtant, ils sont nombreux à Hollywood…
(Rire.) C'est certain. Cela dit, vous seriez surpris : lorsqu'on bosse sur un plateau de cinéma, il y a peu de place pour les simulacres. C'est durant la partie qui précède, quand vous essayez de monter le film que le bullshit est roi. Mais le travail en lui-même oblige les gens à se montrer tels qu'ils sont réellement.
Rencontre avec Cameron Crowe :
Que voyez-vous en Scarlett Johansson ?
À part sa plastique de rêve, vous voulez dire ? (Rire.) Je suis fan de Scarlett. Elle était venue auditionner pour Rencontres à Elizabethtown (mais Crowe lui avait préféré Kirsten Dunst, ndlr) et, avant ça, pour jouer une des groupies dans Presque célèbre. J'ai toujours aimé ses prestations et les conversations que nous avons eues. Ce rôle d'employée de zoo peut paraître surprenant, mais il l'est beaucoup moins quand on la connaît. Scarlett adore les animaux, c'est quelqu'un de très terre à terre, qui a beaucoup d'humour et qui est totalement dépourvu de vanité... Je savais qu'elle serait parfaite pour interpréter ce personnage, même s'il fait appel à une facette de sa personnalité qu'on n'a pas forcément eu l'occasion de voir jusqu'à présent.
Après vous avoir porté aux nues à la sortie de Presque célèbre, la critique vous a assassiné au moment de Rencontres à Elizabethtown. Comment avez-vous vécu ce revirement de situation ?
Une carrière est toujours faite de hauts et de bas. Avec un peu de chance, on peut tirer des enseignements de ses échecs. C'était d'ailleurs, ironiquement, l'un des thèmes de Rencontres à Elizabethtown (dans lequel Orlando Bloom perdait en même temps son père et son job). J'avais écrit ce script pour rendre hommage à mon père, pour en apprendre plus sur lui et sur son enfance dans le Kentucky. C'était une oeuvre très personnelle dont je reste vraiment fier. Comment ai-je vécu son échec ? J'ai eu le cafard un moment, et puis je suis passé à autre chose. Cela dit, les gens qui aiment Rencontres à Elizabethtown l'aiment réellement beaucoup. C'st un film qui divise, à l'instar de Vanilla Sky. Comme tout ce que je mets en scène, Nouveau Départ est une histoire d'amour. L'amour de quelqu'un qui n'est plus là mais le sera toujours. Qui sait, peut-être que j'ai trouvé là une façon plus succincte de raconter l'histoire que je voulais traiter dans Rencontres à Elizabethtown... Le temps nous le dira.
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