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Le pitch fait bien sûr penser à Speed : après un braquage qui a mal tourné, deux bandits (Jake Gyllenhaal et Yahya Abdul-Mateen II) s’enfuient dans une ambulance en compagnie d’une secouriste prise en otage (Eiza Gonzalez) et d’un flic agonisant – les forces de l’ordre ne peuvent donc pas tirer sur le véhicule pour l’arrêter et une course-poursuite monstrueuse s’engage sur les freeways de L.A. Michael Bay paye également tribut à Heat et s’autorise même des clins d’œil à Rock, son propre classique millésime 1996. Mais si une humeur nineties parcourt Ambulance, c’est surtout un film d’ici et maintenant, le réalisateur ayant profité de l’état de semi-léthargie dans lequel était plongé Los Angeles, à cause des restrictions sanitaires, pour envisager la ville comme un immense terrain de jeu et l’investir façon cinéma-guérilla. Dans un premier temps, il apparaît d’ailleurs presque trop ivre des possibilités qui s’offrent à lui. La caméra fait des loopings ahurissants dans les airs avant de foncer s’écraser sur le bitume – c’est très rigolo mais on ne comprend pas trop quel sens ça a. Mais Ambulance, en réalité, vous a à l’usure. Le film fonctionne selon un pur principe d’inflation et d’entropie. Plus c’est long, plus c’est bon – chez Bay, les choses sont parfois aussi simples que ça. Quelques dérapages dopés à l’humour noir (une opération chirurgicale menée via Zoom !) rappellent les moments les plus perchés de Bad Boys 2 et donnent à l’ensemble des airs de manifeste glorieusement anar et joyeusement kamikaze. La profession de foi d’un vrai cinglé de cinéma.