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Une boîte dans les années 70 : du funk à fond, de la fumée, et un bébé dans un berceau qui disparaît par intermittence. En quelques plans, la scène d’ouverture de L’Angle mort met en scène l’origin story d’un superhéros avec une finesse inouïe, qui rappelle quand même drôlement quelque chose. Non ? C’est, à peu de choses près, la même scène d’ouverture que celle d’Incassable, avec de la musique à la place du miroir dans lequel M. Night Shyamalan inscrivait le destin de son héros. En fait, L’Angle mort peut entièrement s’envisager comme une relecture d’Incassable, à peine dissimulée. Il partage avec le plus beau film de Shyamalan la volonté de traiter les superpouvoirs sous l’angle du supernormal, la même volonté de confronter une personne à la mythologie, et le même affrontement manichéen entre un héros et sa version négative. Le héros, Dominick (Jean-Christophe Folly, beau matou), est capable de se rendre invisible mais vend des guitares dans le 13e arrondissement de Paris. Et son alter ego apparemment maléfique (Sami Ameziane alias le Comte de Bouderbala, tout simplement exceptionnel) est un vendeur de pizzas... Aucun misérabilisme pourtant dans ce mélange de réalisme et de fantastique – ce n’est pas pour rien que les réalisateurs ont signé en 1998 un fabuleux documentaire sur H.P. Lovecraft. Dommage que Bernard et Trividic semblent vouloir refermer aussitôt (manque de moyens ?) l’immense univers qu’ils sont parvenus à construire, L’Angle mort se terminant sur un épilogue plus que frustrant.