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La vie et l’œuvre de Sebastião Salgado, photographe réputé pour avoir parcouru le monde entier et témoigné des guerres en Afrique. En choisissant d’évoquer Salgado pour son retour au documentaire, Wim Wenders tenait un sujet en or. Et le résultat est rien moins qu’excellent. Le cinéaste commence à la première personne pour évoquer sa propre découverte d’un maître du noir et blanc. Puis il s’efface pour laisser parler le photographe en utilisant un dispositif ingénieux qui permet de passer, comme dans un fondu enchaîné, d’un tirage photo en gros plan au visage de Salgado en train de commenter l’image en question. Wenders évoque les principales étapes de la vie de cet humaniste, la majeure partie étant centrée sur sa couverture des conflits africains qui lui ont inspiré des images inoubliables, à la fois belles et terribles. Le réalisateur a tourné dans un noir et blanc tout à fait approprié, tandis qu’un segment situé au Brésil est illustré par des extraits de vidéos en couleurs enregistrées par le fils du photographe. Au final, une expérience humaine extraordinaire en forme de voyage qui exalte, bouleverse et horrifie, avant de finir sur une note optimiste.
Toutes les critiques de Le sel de la Terre
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Une puissante réflexion sur l'humain. Le film est lent, exigeant, mais seule sa foudroyante beauté reste en mémoire.
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"Le sel de la terre" est à la fois une palpitante leçon d'histoire et de géographie et le portrait subtil d'un arpenteur d'exception. On admire au passage son extraordinaire entreprise écologique : le reboisement de 700 ha du domaine familial, au Brésil. Salgado et son épouse Lelia -son âme soeur- ont fait planter des millions d'arbres pour reconstituer la forêt tropicale.
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par Pierre Murat
Sur l'association délicate qui lie, aujourd'hui, le photographe, devenu spécialiste de la reforestation brésilienne, à un groupe réputé pour ses méthodes anti-écologiques, le film demeure étrangement muet. Wim Wenders évite soigneusement tout ce qui pourrait fâcher. Il reste jusqu'au bout admiratif, fraternel et hagiographe.
Sous couvert de narrer l'évolution artistique du photographe brésilien Sebastiao Salgado, les réalisateurs oblitèrent la matière qui participe aussi à définir un artiste : ses ambiguïtés. Cette absence d'aspérités accentue l'embarras qu'on peut ressentir vis-à-vis d'un film saturé d'affects et hagiographique.
Chacune des lignes suivies - la biographie, les photos - est intéressante et, oui, le film nous fait en partie comprendre les raisons de l’intérêt de Salgado pour la terre, la nature et les pauvres. Malgré tout, le lien entre les deux parties est assez lâche, on a un peu l’impression que deux films ont été collés artificiellement. Et ce n’est pas l’interview de Salgado par Wenders qui va donner la cohérence et le sens.
Un travail de longue haleine dont le résultat agace - on frôle l'hagiographie - et captive à la fois.