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Tourné dans la grande tradition du cinéma new-yorkais fauché post- Cassavetes (son pourri, lumière naturelle, caméra à l’épaule lancée à toute berzingue) ce petit film indépendant fait figure d’exception. Pas de poses arty (n’était cette apparition d’Abel Ferrara en SDF au coin d’une rue !), que de la sincérité à fleur de peau et un joyeux bordel triste. À travers, ce portrait d’un père tragiquement rigolo qui aimerait désespérément passer pour un superhéros aux yeux de ses fils, quitte à leur donner une overdose de somnifères pour leur éviter la déception de se réveiller seuls dans l’appartement, les frères Safdie captent une fuite en avant qui va droit dans le mur.
Toutes les critiques de Lenny & the Kids
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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La fratrie Safdie propose une chronique familiale bricolée où la poésie et le pathétique de l'existence pénètrent par tous les endroits du cadre. Un bien bel objet cinématographique en somme !
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La caméra des Safdie ne filme que la pointe des souvenirs, ces moments fugaces qui s’évanouissent à l’instant même où ils sont vécus. Aussi, dans ce film qui ne connaît pas l’emphase, si l’émotion jaillit, c’est toujours par surprise, et violemment. Pour s’éclipser de suite. En un clin d’œil.
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Le spectateur est en empathie avec cet être plus Charlot que Père Fouettard. Les frères Safdie se sont inspirés de leur père pour camper ce personnage. Un vrai bonheur !
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Lenny, interprété par un inconnu époustouflant, Ronnie Bronstein, c'est un peu la rencontre de Peter Pan et des héros paumés de John Cassavetes, dont l'ombre plane d'ailleurs sur chaque plan nerveux, au plus près des acteurs, dans chaque scène en équilibre fragile entre malaise et drôlerie.
Mais les deux cinéastes ne sont pas seulement « sous influence » : ils racontent, avec une intensité toute personnelle, l'angoisse, la gêne et la joie d'avoir un père cigale. Lenny est un marginal, même sur un écran : son grand corps élastique ne tient pas dans le cadre. Si la caméra tangue et vire, c'est pour tenter de le suivre dans toutes ses lubies. Parfois, l'image se heurte à un mur de briques, se fige dans le désordre du minuscule appartement. C'est que la chronique, sur le fil du rasoir, menace de glisser insidieusement vers plus de noirceur : lorsque, par exemple, Lenny administre des somnifères à ses rejetons pour leur éviter la peine de se réveiller seuls parce qu'il doit partir travailler... L'amour, parfois, peut prendre de drôles de formes. Y compris celle d'un hommage tendre et cruel, comme ce film, que Josh et Benny Safdie ont dédié à leurs parents.
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C'est fort, et c'est aussi courageux. Courageux parce qu'il leur aurait été facile de s'en remettre uniquement au versant enchanté de l'improvisation, et de faire de Lenny & the kids une comédie new-yorkaise sympa. Ils sont trop inquiets pour ça, les Safdie, et cette inquiétude est le vrai sujet du film. C'est sur elle qu'il se referme, dans le regard des kids pour dire une dernière fois qu'ils aiment leur papa mais que, aussi, il leur fait un petit peu peur.
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Quintessence du cinéma indépendant new-yorkais, avec sa caméra participative et ses images au flou mélancolique, le film est porté par un scénario entre émotion rageuse et sincérité.
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Après une bonne demi-heure sur ce mode, où les cinéastes campent cette vie de récréation anarchique, aussi excitante que profondément déstabilisante pour les deux petits garçons, le drame qui devait arriver arrive. L'action se tend, injectant soudain dans le film une charge émotionnelle intense qui agit comme révélateur.