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Présenté en séance spéciale au dernier Festival de Cannes, Les Héroïques s’inscrit dans la droite lignée du court-métrage Beautiful Loser du même Maxime Roy dont il est une sorte de prolongement. Soit l’histoire cabossée et rock’n’roll de Michel (l’héroïque François Créton), quinqua semi-SDF qui essaye de se sortir de la dope. Le film débute par une scène criante de vérité où Michel entouré d’alcooliques anonymes, évoque ses démons intérieurs, ses manques, ses multiples tentations et cette volonté aussi farouche que désespérée de se tenir enfin droit. Il faut dire qu’un bébé vient de naître obligeant cet éternel enfant à assumer son rôle de père. Père, il l’est déjà d’un ado. Léo – incarné par le vrai fiston Roméo Créton - est encombré par ce géniteur imprévisible qu’il faut sans arrêt porter sur ses épaules. Le film de Maxime Roy tient dans cette façon de tenir la fiction à la portée d’un réel à peine déguisé. Michel et François, le modèle et son double, semblent ainsi avancer ensemble sur une même ligne de crète où le monde s’organise en foutoir poétique. Le territoire des Héroïques est situé loin du centre, dans une périphérie où se télescopent les vestiges d’une passé populaire (pavillon, vieux garages en taule...) sans cesse menacées par une transformation galopante. Michel pourrait être le héros d’une chanson de Renaud ou d’une bande-dessinée de Franck Margerin, qui aurait survécu miraculeusement. Un film à la fois rebelle et nostalgique.