Première
par Didier Roth-Bettoni
En offrant (et de quelle manière !) à Alexandra Lamy la possibilité de se débarrasser de l’image comique qui lui colle à la peau depuis Un gars, une fille, Ozon en donne une nouvelle preuve. Car il fallait une sacrée intuition pour aller chercher chez cette comédienne légère de sitcoms télé ce naturel, ce dépouillement, ce côté terrien, populaire qu’un Ken Loach, par exemple, repère chez des inconnues. D’ailleurs, c’est à ce cinéma réaliste et social que fait penser le début de Ricky C’est là que tout bascule, que le film vire au fantastique (ou plutôt que le fantastique vient parasiter le réel) et devient une stupéfiante parabole sur la différence, la maternité, le couple, et plein d’autres choses aussi essentielles. Si Ricky est un drôle de film, avec son bébé bizarre dont on ne sait s’il doit nous faire rire ou pleurer, ce n’est pas parce qu’il ne ressemble à rien de connu chez son auteur mais bien parce que tous les films d’Ozon ont en commun cette étrangeté qui fait leur formidable intérêt.