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Pour parer son Prophète, Jacques Audiard a fait appelle à son complice de bande originale de toujours, Alexandre Desplat. Car depuis Regarde les hommes tomber, le tandem fonctionne à merveille. La B.O. du Prophète est justement construite sur le même principe que celle de De battre mon cœur s'est arrêté : quelques morceaux préexistants, un peu d’extraits du film et les compositions originales de Desplat. Léger inconvénient, le disque semble fait en deux parties. Les 20 premières minutes font se succéder interludes parlés extraits du film, et 4 morceaux, oscillant entre le blues, le folk et la country. Ces quelques notes nous plongent dans une atmosphère à la fois étouffante et languissante, qui colle bien à l’ambiance carcérale du film. Bridging the gap flirte même avec le hip-hop, ajoutant un petit côté « gangsta » parfaitement justifié.Desplat se charge ensuite des dernières 40 minutes, parsemées ça et là de quelques dialogues. Fidèle à ses habitudes, le compositeur n’est pas avare en notes suspendues, qui s’étirent. La tension est soulignée, le sentiment d’être perdu, accentué. Puis la musique s’intensifie, gagne en puissance et s’éclaire. Tout comme Malik le prophète. La prophétie annonce le calme retrouvé. Une certaine sérénité, acquise paradoxalement à travers la violence. Un prophète a donc définitivement inspiré Desplat, qui nous offre une B.O. toute en nuances, qui n’a pour seul défaut que d’être scindée en deux parties hétérogènes. Bande originale du film Un prophète de Jacques Audiard, Naïve, environ 14 €. Par Caroline Vasserot