Beetlejuice 2
Warner Bros.

Tout ce qu’il faut savoir sur le nouveau Day-O.

L’une des forces du Beetlejuice originel était son utilisation délirante des chansons de Harry Belafonte, "Jump in the line (Shake Senora)" et "Day-O", sonorités calypso totalement inattendues dans un film de fantômes nourri de vieilles séries B fantastiques et d’expressionisme allemand. En conséquence, l’un des grands challenges de la suite de Beetlejuice, qui vient de sortir au cinéma, était de rivaliser avec ces moments musicaux inoubliables, qui ont beaucoup fait pour la popularité du film de 1988. Tim Burton, mélomane averti (comme il l’a récemment prouvé en incluant le "Goo Goo Muck" des Cramps dans une scène culte de la série Mercredi) n’allait pas pouvoir se contenter de piocher à nouveau dans la discographie de Belafonte, sous peine de passer pour un gros flemmard.


« Vous connaissez "MacArthur Park" ? », a lancé le réalisateur à ses collaborateurs pendant la préparation de la scène de l’église, point d’orgue de Beetlejuice Beetlejuice. Utilisé de façon virtuose et franchement envoûtante dans le climax du film, ce morceau de pop baroque et grandiloquente est un tube de 1968 chanté par Richard Harris. Oui, Richard Harris, l’acteur irlandais d’Un homme nommé cheval, du Désert rouge, du Convoi sauvage, d’Impitoyable, de Gladiator, et des deux premiers Harry Potter, où il jouait Dumbledore.

Richard Harris était très en voix à la fin des années soixante, puisqu’il venait de pousser la chansonnette dans la comédie musicale Camelot. Il accepta donc la proposition de Jimmy Webb (auteur de quelques standards en or massif comme "By the Time I Get to Phoenix" ou "Wichita Lineman") d’enregistrer ce "MacArthur Park", chanson aux paroles mélancoliques que le compositeur avait écrit en pensant à son ancienne amoureuse (le MacArthur Park de Los Angeles est un endroit où lui et son ex avaient l’habitude de se donner rendez-vous pour déjeuner).


A l’origine, le morceau avait été proposé par Jimmy Webb au groupe The Association, qui l’avait refusé, apparemment inquiet de sa durée hors norme. Pas de quoi effrayer Harris, chanteur débutant mais homme de caractère, qui enregistra donc cette chanson longue de plus de sept minutes, un défi aux conventions radiophoniques de l’époque –  le producteur des Beatles, George Martin, expliqua plus tard que la durée extravagante de "MacArthur Park" créa un précédent qui permit aux Fab Four de sortir "Hey Jude" (sept minutes lui aussi) en single.

A la grande surprise de Webb, "MacArthur Park" (extrait du premier album de Richard Harris, A Tramp Shining) fut un tube, bientôt repris par de nombreux artistes (Tony Bennett, les Four Tops, Waylon Jennings, Frank Sinatra, Liza Minnelli…), jusqu’à Donna Summer, qui en enregistra la version la plus connue : une cover disco produite par Giorgio Moroder, numéro 1 des charts en 1978, et qu’on entend aussi à la fin de Beetlejuice Beetlejuice – façon de boucler la boucle disco du film, dont l’une des premières scènes marquantes se fait au son du "Tragedy" des Bee Gees. Dans le refrain de "MacArthur Park", Richard Harris se lamente à propos d’un gâteau que quelqu’un a laissé sous la pluie, et dont il ne "connaît plus la recette". Tim Burton, lui, connaît manifestement toujours la formule d’un spotting musical euphorisant.


"Avec Jenna, on s'est tellement amusées à répéter cette chorégraphie bizarre !"