À couteaux tirés
Claire Folger

Rian Johnson rend hommage aux murder mysteries à la Agatha Christie dans un film joyeux et ultrasophistiqué.

Célèbre auteur de polars, Harlan Thrombey est retrouvé mort dans sa somptueuse propriété, le soir de ses 85 ans. L’esprit affûté et la mine débonnaire, le détective Benoit Blanc est alors engagé par un commanditaire anonyme afin d’élucider l’affaire. Mais entre la famille d’Harlan qui s'entre-déchire et son personnel qui lui reste dévoué, Blanc plonge dans les méandres d’une enquête mouvementée, mêlant mensonges et fausses pistes, où les rebondissements s'enchaînent à un rythme effréné jusqu'à la toute dernière minute.

Sorti fin 2019 au cinéma, A couteaux tirés fut une excellente surprise. Netflix a d'ailleurs tellement cru en ce "whodunit" de Rian Johnson dans lequel un Daniel Craig à contre-emploi mène l'enquête, que la plateforme a embauché le duo à prix d'or pour tourner deux nouveaux volets.

Glass Onion, la suite directe mais se déroulant cette fois sur l'île privée d'un milliardaire de la tech, a de nouveau fait des étincelles, et le réalisateur planche en ce moment sur le scénario du n°3, qu'il pourrait si tout se passe bien tourner dès cette année.

Au moment où TF1 planifie de rediffuser le premier volet dimanche soir, nous ne résistons pas à l'envie de vous le conseiller : si vous aimez les enquêtes criminelles à la Agatha Christie, saupoudrées d'une satire bien sentie de la société américaine, ce film est fait pour vous !

A couteaux tirés Daniel Craig
Metropolitan FilmExport

Depuis Les 8 Salopards et le remake du Crime de l’Orient-Express par Kenneth Branagh, il semblerait que le « film Cluedo » soit de nouveau à la mode. Un drôle de genre, aux contours un peu flous (ses représentants vont du Limier à Huit Femmes) et dont on ignore jusqu’au nom (whodunit ? murder mystery ?). On sait juste que, de loin, il sent l’encaustique et le défilé d’acteurs célèbres en pull de Noël.

Bonne nouvelle : le film de Rian Johnson (qui avait besoin de se ressourcer après s’être mis la moitié de la population mondiale à dos à cause de son Star Wars mal-aimé, Les Derniers Jedi) est beaucoup plus retors et amusant que ça. Il y est question de la mort mystérieuse d’un célèbre auteur de romans policiers et de l’enquête d’un super détective répondant au patronyme de Benoît Blanc (Daniel Craig, assez génial en Hercule Poirot sudiste), à la recherche de l’assassin qui se cache dans les rangs de la famille timbrée du macchabée.

La mécanique du suspense est diabolique, mais le plus impressionnant, c’est la manière, sophistiquée et aérienne, dont Johnson « twiste » les codes du genre, comme ça, juste pour le plaisir. L’histoire est racontée à travers les yeux de l’infirmière de la victime (extraordinaire Ana de Armas), incitant à voir ce jeu de massacre comme une satire de l’Amérique trumpiste, repliée sur elle-même, au bord de l’implosion. Mais même cette métaphore politique, qui pourrait peser trois tonnes, est légère comme une plume. Preuve ultime de l’élégance d’un crowd-pleaser grand style, vibrant d’une irrésistible énergie iconoclaste.


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